Mardi, ma fille a eu 18 ans. On se parle beaucoup. J’espère que cela continuera.
Elle me dit parfois ce qu’elle voit passer sur Facebook, que j’ai quitté.
Elle me rapportait, sans porter de jugement, que beaucoup de jeunes sont troublés par la facilité avec laquelle des milliards furent rapidement trouvés pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris, alors que la cause environnementale suscite plus de beaux discours que d’actions concrètes.
Mobilisation éclair d’un côté, pieds traînants de l’autre. C’est indéniable.
On peut s’en désoler ou pas, mais j’ai tenté une explication devant elle.
Pourquoi ?
La cause environnementale, me semble-t-il, se heurte à trois obstacles.
D’abord, beaucoup restent attachés, quoi qu’on en dise, aux grosses autos, aux grosses maisons, aux gros steaks (moi), à tout ce qui laisse une lourde empreinte écologique.
Ensuite, beaucoup trouvent les petits gestes quotidiens dérisoires en comparaison de la pollution industrielle mondiale.
Enfin, la transition écologique heurte des intérêts puissants qui ont les moyens de résister.
À l’opposé, comment expliquer l’immense émotion et la fabuleuse mobilisation qui ont suivi l’incendie de la cathédrale parisienne ?
Sa reconstruction est certes un projet modeste et à court terme en comparaison du combat environnemental.
Mais c’est aussi, à mon avis, parce que le drame de Notre-Dame a dévoilé la vitalité, la pérennité, la puissance de mobilisation d’une valeur continuellement ridiculisée, bafouée, conspuée par les pseudo-progressistes.
Cette valeur est notre identité judéo-chrétienne ou, si vous préférez, notre attachement à elle, notre nécessité d’elle.
Cette identité est l’un des piliers de notre civilisation occidentale, dont Notre-Dame de Paris est l’un des symboles majeurs.
On dit de cette civilisation qu’elle fut et demeure impérialiste, génocidaire, colonialiste, polluante, sexiste, raciste, islamophobe, homophobe, etc.
Elle subit un procès continuel.
Or, il a suffi qu’un de ses symboles soit blessé, en danger de mort, pour que nous redécouvrions notre appartenance profonde à cette civilisation et à son héritage.
C’est toujours quand nous estimons nos valeurs et leurs symboles menacés que nous réalisons notre attachement à eux.
Voyez, par exemple, nos débats sur la religion.
Des gens importent ici des valeurs qui nient les nôtres, ou formulent des revendications que nous estimons exagérées, voire provocatrices, et nous redécouvrons alors que nous tenons à nos valeurs, à notre identité.
Normal
On veut nous faire croire que l’identité judéo-chrétienne et occidentale est une chose figée, dépassée, mauvaise, coupable, à renvoyer dans un musée des idées.
Ce sont les identités venues d’ailleurs ou strictement individuelles qu’il faut protéger, valoriser, célébrer et, surtout, ne jamais critiquer.
Or, le drame de Notre-Dame et la réaction à celui-ci font voir que notre identité collective ne se résume pas à un passé mort et révolu, mais qu’elle est porteuse d’une capacité à rebondir, à mobiliser, à se réinventer, à construire du nouveau, à rebâtir sur des décombres, à orienter notre avenir.
Notre attachement à notre héritage culturel est normal, sain, fécond.
Ne nous laissons pas culpabiliser par ceux qui disent le contraire.