Suite à l'élection de la semaine dernière, des failles se dessinent de toutes parts sur l'échiquier souverainiste ou indépendantiste, illustrant certaines tendances vers des repositionnements de cette mouvance; de nombreux protagonistes pensent quitter les rangs du PQ et d'autres restent médusés face à un manque de leadership qui semble voué à calquer son action sur celles de l'ADQ.
Beaucoup s'en vont du côté de QS. À moins d'un correctif important des orientations actuelles du PQ, ils ne reviendront tout simplement pas.
En tant que membre du PQ, la déconfiture de 2003 me revient à la mémoire comme un vieux disque égratigné.
Mardi soir, interviewé par Pierre Duchesne, Bernard Landry rejettait [l'approche projetée par Louis Bernard->5784] au début de cette semaine, une voie proposée pour sortir le PQ de son impasse référendaire, à savoir que dorénavant, l'objectif unique du PQ consisterait à faire accéder le Québec à l'indépendance, point à la ligne.
Face aux questions de M. Duchesne par rapport à cette option, M. Landry a évoqué le bon gouvernement qui a promulgué la loir 101, entre autres. Cet atavisme de M. Landry de vouloir ramener le débat sur son concept de bon gouvernement manque de rigueur et d'envergure.
[Landry attribue la défaite de cette année->5822] comme étant la résultante du populisme de M. Dumont, qui a su capitaliser sur le passé des partis et des chefs de ceux-ci. Il a fait remarquer que les fusions étaient une des causes principales de la déconfiture de 2003. Il y a eu aussi l'effet résiduel des défusions qui ont fait mal aux libéraux autant qu'aux péquistes cette année.
Cependant, M. Landry balaye sous le tapis un très important facteur: c'est que beaucoup de québécois sont tout simplement écoeurés de cette idée d'un bon gouvernement du PQ.
Beaucoup se souviennent de ce spécialiste en réduction des droits syndicaux, reconnu également comme étant un pédagogue en réduction des attentes du public face aux services gouvernementaux dont ils pourraient disposer, le charismatique Lucien Bouchard avait veillé à saccager comme il faut la fonction publique, faisant en sorte que les services de santé, d'éducation et autres sont encore débilités par son intervention et la venue subséquente de John-James avec ses hausses de tarifs tous azimuts qui avaient déjà été amorcées par le PQ, d'où l'écoeurement des québécois sur lequel M. Dumont récolte si bien. J'aimerais noter en passant que MM. Bouchard et Facal sont des modèles de lucidité pour M. Dumont.
Pour revenir à la loi 101 telle que conçue par Camille Laurin, que M. Landry ressort maintenant comme un vieux trophée de chasse, cette loi a été éviscérée de beaucoup de sa portée grâce aux bons soins de notre régisseur de provinces.
MM. Boisclair, Drainville, Landry, Facal, ces joyeux lulucides, ainsi que certains autres à la direction du PQ ne semblent tout simplement pas préoccupés par les valeurs de partage et d'équité transmises de génération en génération chez les québécois. Ils évoluent dans ce monde inspiré de cette illusion tranquille des petits patronneux se voyant comme les pourvoyeurs d'une volonté d'émancipation du capital, aveugles au potentiel d'un capital qui devrait être fait au Québec pour le Québec, ils jettent leur dévolu au profit de cette économie actuelle qui exporte inlassablement les profits vers Toronto ou ailleurs.
M. Landry, où est cette volonté de développer un capital strictement québécois au service des québécois? Je ne vois plus cette volonté d'un Québec inc.
J'aimerais aborder maintenant une autre loi, la loi 43, que certains nomment la loi 142, adoptée sous le baillon le 15 décembre 2005 par le gouvernement de Crapet Charest.
Le Tribunal International du Travail a récemment condamné le gouvernement Charest pour son antidémocratisme dans sa gestion des négociations avec les employés du secteur public et la promulgation de cette loi draconienne. Étrange silence de nos joyeux leaders politiques face à ce jugement, je n'ai toujours rien entendu des dirigeants du PLQ, de l'ADQ ou du PQ sur des propositions législatives concrètes afin d'amender cette usurpation législative.
Les dirigeants du PQ devront avoir à l'esprit la volonté de réaffirmer certains principes de solidarité, d'équité et de justice sociale.
Les employés de divers paliers de gouvernement ont goûté à cette médecine à étiquette néolibérale ou néoconservatrice, tant du PQ que du PLQ. À cause de ça, beaucoup d'entre eux se sont tournés vers QS ou d'autres.
Pour revenir à ce communicateur efficace qu'est M. Dumont, il incarne parfaitement cette nouvelle mentalité du chacun pour soi qui table sur ces clients frustrés, parfois agressants à l'endroit des employés de première ligne, ces enragés du j'veux être servi tout d'suite. Avec M. Dumont, on s'attend à ce qu'il pousse encore plus loin ses interventions politiques de néocon en vue d'une privatisation massive des services publics, ce qui est une manière de subventionner directement ses amis des entreprises privées.
M. Dumont est le porteur de cet idéal reaganien qui va inévitablement creuser le fossé entre les riches et les pauvres au profit des suiveux patronneux et d'une partie de la classe moyenne ainsi que les profiteurs de cette économie qui sont tout simplement aliénés du peuple, qui le regardent de haut, montrant le vrai visage de la mondialisation qui va chercher à produire ailleurs à moindre coût si on ne se ferme pas sa gueule.
Une politique un peu plus nationaliste serait de chercher à investir et à raffiner les techniques de production ainsi que les compétences de nos ressources humaines, arrimées au développement et au rendement optimal de nos entreprises d'ici, la seule stratégie valable de développement durable.
Pour revenir à ce concept de bon gouvernement, il faut bien se rendre au fait que c'est une idée qui est sujette à interprétation par tous les spectres de la mouvance souverainiste ou indépendantiste.
J'en viens à la conclusion qu'il sera presqu'impossible que le PQ se repositionne à gauche pour combler le vide laissé par ses dirigeants depuis le référendum de 1995.
Daniel Sénéchal
Montréal
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