Pierre Falardeau (1946-2009)

Un phare s’est éteint dans la longue nuit québécoise

Tribune libre

Elle est à toi cette chanson,

toi l’Auvergnat qui sans façon,

m’a donné quatre bouts de bois,

quand dans ma vie il faisait froid.
Toi qui m’as donné du feu quand,

les croquants faisaient les croquants,

tous les gens bien intentionnés,

m’avaient fermé la porte au nez.
Ce n’était rien qu’un feu de bois,

mais il m’avait chauffé le corps

et dans mon âme il brûle encore,

à la manière d’un feu de joie.
Toi l’Auvergnat, quand tu mourras,

quand le croquemort t’emportera,

qu’il te conduise, à travers ciel,

au père éternel.

Extrait de la chanson L’Auvergnat de Georges Brassens
J’ai pris connaissance du décès de Pierre Falardeau samedi matin. Peiné depuis lors en pensant à la famille qu’il laisse dans le deuil, la chanson de Brassens évoquée ci-haut m’est revenue à l’esprit plusieurs fois depuis samedi.
Auteur et cinéaste à fleur de peau qui s’est fait fermer la porte au nez plus qu’à son tour, Pierre n’était pas le genre à baisser les bras devant le combat à poursuivre. C’était un homme de souche aux racines profondes et bien ancrées, inaliénables.
Comme aucun autre, Pierre braquait sa plume dénonciatrice, ses lumières et ses caméras pour nous faire comprendre la dynamique des fossoyeurs loyalistes, leurs successeurs et nos géôliers de service, ces assimilés qui parlent le bilingue et qui veulent nous faire avaler les règles du scrou d’Ottawa.
Il en a bûché un coup pour nous donner des œuvres comme Le 15 février 1839, Octobre et Le temps des bouffons, entre autres.
Quoiqu’en diront les bien-pensants au langage aseptisé qui sont mal à l’aise avec la rigueur et la teneur de son propos combattif qu'ils disent démodé, ce précieux legs de Pierre est un apport considérable pour ma génération tout comme pour celles à venir.
Daniel Sénéchal
Montréal


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