Un parti périmé

Québec 2007 - la bataille des régions


La réaction de Gilles Duceppe au rapport interne rédigé par la vice-présidente nationale du parti Hélène Alarie m'a fait réagir. J'aimerais lui dire que ce n'est pas le rapport qui est périmé, mais le parti qu'il dirige, le Bloc québécois. La conclusion du rapport sur le «mystère de Québec» est pertinente, mais j'aimerais ajouter une explication supplémentaire concernant la désaffection envers le Bloc québécois.
J'habite dans la région de la Capitale nationale et suis souverainiste depuis une trentaine d'années. Lors des deux dernières élections fédérales, je n'ai pas voté pour ce parti politique. J'en suis arrivée à la conclusion que leur présence sur la scène fédérale est inutile et que le crédo que le Bloc utilise depuis toujours pour défendre sa présence au parlement fédéral, soit les intérêts du Québec, est trompeur. Les intérêts du Québec sont à l'Assemblée nationale du Québec et pas ailleurs. Pour ma part, je crois que ce parti a succombé à l'attrait du «pouvoir de dépenser» du fédéral et que les intérêts que les députés défendent sont tout simplement leurs intérêts personnels. On sait qu'un député souverainiste à Ottawa gagne au moins 50 000$ de plus qu'un député souverainiste à l'Assemblée nationale du Québec. Quand j'entends un député de la trempe de Pierre Paquette affirmer qu'il préfère rester à Ottawa plutôt que de se présenter pour le Parti québécois dans le comté de Joliette à la recherche d'un candidat souverainiste, je ne peux penser autrement.
Ce parti est devenu une vraie farce, comme l'élection de l'humoriste Guy Richer dans Louis-Hébert le démontre bien. En plus d'être payant, c'est très attirant pour un souverainiste d'aller siéger dans ce parlement, car contrairement à la raison d'être de tout parti politique qui est de gouverner, pour les députés du Bloc, il suffit de poser des questions pour embarrasser le gouvernement élu et on se croit utile en affirmant sérieusement que l'on défend les intérêts du Québec. Ce parti me fait plutôt penser à bien des Québécois qui préfèrent critiquer que passer à l'action.
René Lévesque avait bien raison de s'opposer à la création d'un parti politique souverainiste à Ottawa. Il pressentait probablement l'effet pervers à long terme d'une telle stratégie, peut-être valable avant la tenue du deuxième référendum, mais plus après une quinzaine d'années. Le Bloc québécois est tombé dans le piège de ce que l'on reproche au fédéralisme canadien, c'est-à-dire le chevauchement et le dédoublement des ressources. Ce sont les mêmes Québécois qui travaillent à élire les députés souverainistes à Ottawa et à Québec et qui financent les deux partis. Le Bloc québécois agit dans la logique fédérale et il est temps d'arrêter cette illusion. J'imagine ce qu'on pourrait faire tous ensemble si on poursuivait le combat pour un Québec souverain sur un seul terrain d'action, celui du Québec.
Une souverainiste fatiguée des faux fuyants.
Nicole Patricia Roy
Québec


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé