Le président américain Donald Trump reçoit à la Maison-Blanche l'un de ses plus fervents admirateurs : son homologue brésilien Jair Bolsonaro, élu comme lui – à la surprise générale – sur un message de rupture.
Au-delà d'une passion commune pour les tweets et d'un goût revendiqué pour la provocation, l'ancien magnat de l'immobilier et l'ex-parachutiste sont à l'unisson sur nombre de sujets : virulentes critiques du multilatéralisme, posture combative face à Pékin ou encore dénonciation de l'accord de Paris sur le climat.
M. Bolsonaro, qui s'est vu décerner nombre de surnoms, dont celui de « Trump des tropiques », a lui-même alimenté pendant la campagne le parallèle avec l'occupant de la Maison-Blanche.
Depuis son arrivée au pouvoir le 1er janvier, il a affiché un proaméricanisme très marqué qui tranche avec la tradition de la diplomatie brésilienne qui s'efforçait de se tenir à égale distance des grandes puissances.
Au programme de leur première rencontre : tête-à-tête dans le bureau ovale, déjeuner de travail et conférence de presse commune dans les jardins de la Maison-Blanche.
Des affinités politiques
Les deux hommes, qui dénoncent inlassablement les dangers du socialisme sous toutes ses formes, devraient profiter de cette tribune pour accroître encore la pression sur le président vénézuélien Nicolas Maduro dont ils réclament avec force le départ depuis qu'ils ont reconnu l'opposant Juan Guaido comme président par intérim.
En le recevant fin février à Brasilia, Jair Bolsonaro avait salué Juan Guaido comme son « frère », le qualifiant de symbole « d'espérance ».
Pour M. Trump, la visite pourrait être l'occasion de tourner la page d'une séquence difficile entre l'échec du sommet de Hanoï avec le leader nord-coréen Kim Jong-un et le camouflet du Congrès sur son projet de mur à la frontière avec le Mexique.
Dans un entretien à la chaîne Fox News diffusé lundi soir, M. Bolsonaro a loué la pugnacité du président des États-Unis sur la question du mur en prenant comme contre-exemple la France où, a-t-il affirmé, « les frontières sont ouvertes aux réfugiés sans le moindre filtre ».
« L'immense majorité des immigrants potentiels n'ont pas de bonnes intentions », a-t-il affirmé. « Ils ne souhaitent pas du bien aux Américains ».
Le président des États-Unis et celui de la première puissance d'Amérique latine devraient insister sur une coopération économique renforcée.
Dans une décision chargée en symboles, le Brésil a annoncé lundi qu'il autoriserait les États-Unis à lancer des satellites depuis le centre spatial d'Alcantara, dans l'État septentrional de Maranhao.
Alcantara est idéalement situé en raison de sa proximité avec l'équateur, qui permet des économies de combustible de l'ordre de 30 % pour les lancements ou la mise en orbite de charges plus lourdes.
Une visite surprise
À la veille de la rencontre, M. Bolsonaro a effectué une visite surprenante pour un chef d'État étranger: il s'est rendu au siège de la CIA.
Ce déplacement au quartier général de l'Agence centrale américaine de renseignement, en banlieue de Washington, prend un relief particulier quand on se souvient de la brouille entre les États-Unis et le Brésil née de l'affaire des écoutes.
Fin 2013, Dilma Rousseff, alors présidente du Brésil, avait annulé une visite d'État à Washington à la suite de révélations par la presse d'une surveillance de ses communications personnelles par l’Agence de sécurité nationale (NSA) [acronyme anglais pour National Security Agency].
MM. Trump et Bolsonaro, aux parcours radicalement différents, trouveront-ils une forme d'« alchimie », mot cher au milliardaire américain?
Seule certitude à ce stade : les prises de position de l'ancien capitaine de l'armée brésilienne en campagne ont été très appréciées à la Maison-Blanche.
« Il a brisé tous les tabous historiques », s'est félicité un responsable américain sous couvert d'anonymat lors d'une présentation de la visite, se réjouissant qu'il ait opté pour « une position pro-américaine sans complexe ».
À l'approche de la rencontre, le président brésilien a une nouvelle fois revendiqué haut et fort sa proximité avec l'ancien magnat de l'immobilier. « Nous avons beaucoup de choses en commun », a-t-il déclaré sur Fox News. « Je l'ai toujours admiré. J'ai été beaucoup critiqué pour cela, mais je ne vais pas cacher ce que je pense. Je ne suis pas un caméléon ».