Trois ou deux Etats "belges"?

Chronique de José Fontaine

On sait que la Belgique est un Etat fédéral constitué de deux communautés (la Communauté flamande et la Communauté française + la petite Communauté germanophone, soit moins d’un % des Belges, ce qui ne l’engage - elle-même - qu’à réclamer une « petite place » - qui lui sera faite), et trois Régions : Bruxelles, Flandre, Wallonie. Les Communautés sont fondées sur la langue, ce qui ne se confond pas totalement avec le territoire (puisqu’il existe une minorité flamande à Bruxelles où la Flandre a d’ailleurs placé sa capitale, la Communauté française étant présente aussi à Bruxelles et en Wallonie). Sont constitutifs des Régions : le territoire et la population, soit les deux éléments de l’Etat moderne. En dépit du fait que les Flamands (majoritaires), sont en faveur d’une Belgique à deux, ils ont été contraints d’en admettre une à trois et que les députés des Etats fédérés soient élus sur une base territoriale et non d’après la langue qu’ils parlent.
Or Bart De Wever vient de déclarer vendredi à la radio qu’il n’acceptait pas que le dialogue sur la marche à la Confédération d’Etats qui se substituerait à la Belgique, ait lieu entre trois partenaires, mais avec deux ce qui exclut Bruxelles
Bart De Wever est le chef de la NVA (Nouvelle alliance flamande) en cartel avec les démocrates-chrétiens flamands du CD&V. Depuis la crise ouverte en juin 2007 (et qui, dans les faits se prolonge), la NVA a tendance à pousser les démocrates-chrétiens à se radicaliser. Les démocrates-chrétiens flamands craignent en effet que leur partenaire de cartel, qui représente plus ou moins 20 % de l'électorat de celui-ci aux élections de juin 2007, ne quitte le CD&V pour rejoindre, non les fascistes du Vlaams Belang (en perte de vitesse, heureusement), mais les nationalistes démocrates de la Liste Dedecker (en net progrès selon les sondages).
La prise de position très ferme de Bart de Wever (deux à la table des négociations et non trois), me rend pessimiste sur l’issue de ces négociations. Personnellement, je préférerais que le passage de la Belgique à une confédération de trois Etats se fasse sereinement et le plus vite possible. Or Bart De Wever empêche cela. Il est difficile dans un Etat fédéral que l’on exclue de la participation à sa redéfinition l’une de ses entités. En dépit des divergences qui existent entre Bruxellois et Wallons, ceux-ci n’accepteront pas que le cadre des négociations ne fasse une place égale aux Bruxellois, Wallons et Flamands. Certains Flamands peuvent penser que cette fermeté des Wallons et des Bruxellois pourrait s’expliquer par la volonté de former un front francophone (car la Wallonie est quasiment à 100% francophone et Bruxelles n’en est pas loin). Pourtant ce n’est pas le cas. Il y a des orientations profondément régionalistes tant à Bruxelles qu’en Wallonie, d’autant plus ancrées que les raisons en sont clairement démocratiques. Je dois donc écrire aujourd’hui que je crains une aggravation de la crise et qu’il m’est difficile d’écarter totalement l’hypothèse d’une rupture. Wallons, Flamands et Bruxellois ont prouvé qu’ils avaient une réelle capacité à gérer des conflits apparemment insolubles. Mais ici, on peut se demander s’ils se mettront d’accord sur la manière de se diviser en trois Etats confédérés puisque les Flamands ne veulent pas que ces Etats soient au nombre de trois, mais de deux. Mais ce désir flamand est si peu réaliste que je continue encore à croire que l’on parviendra à trouver un terrain d’entente, dans la mesure où je pense qu’il est nécessaire que même distincts, séparés, nous nous entendions sur une série de pouvoirs à exercer contractuellement…
José Fontaine

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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.

Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2008

    je reviens sur le dernier message du billet précedent pour dire à l'intervenant qui affirme que les français interrogés pour le sondage IFOP sont tous du nord de la France qu'il s'agit d'une affirmation mensongère
    cf http://www.ifop.com/europe/docs/wallonie.pdf lisez
    ou alors on ne croit à plus aucun sondage comme tendance et on voit derriere chaque IFOP,IPSOS etc des truands manipulateurs qui mentent et traficotent
    Pour le fond du sujet, nous verrons si les Wallons sont acteurs ou passifs.