«Super Mario », « Ti-Poil », « saint Lucien », rares sont les politiciens qui atteignent un degré tel de familiarité avec l’électorat, qu’il semble inconvenant de les appeler tout simplement Monsieur. Mario Dumont vient d’entrer dans ce club sélect. Avez-vous remarqué que les trois hommes ont un point en commun ? Ils ont fondé de nouveaux partis politiques. Le Parti québécois, le Bloc québécois et l’Action démocratique du Québec n’auraient jamais atteint de tels niveaux de popularité et d’influence n’eut été du charisme de René Lévesque, de la passion de Lucien Bouchard et de la détermination de Mario Dumont. Issus tous trois des régions, les trois hommes se sont démarqués par leurs talents exceptionnels de communicateurs.
Au fond, André Boisclair avait presque raison en prédisant que le résultat de ces élections ressemblerait à 1976. Sauf qu’il s’est trompé de parti.
Les adversaires de Mario Dumont vont me reprocher de le classer trop rapidement dans les ligues majeures. C’est vrai qu’il a encore du chemin à faire. Les défis qui l’attendent à compter de ce matin sont énormes. Mais ce n’est pas tout le monde qui peut se targuer d’avoir fondé et porté à bouts de bras une jeune formation politique pendant 13 ans, pour la mener jusqu’aux portes du pouvoir. Ce jeune « flo » de Rivière-du-Loup n’avait que 24 ans lorsqu’il a mis les pieds à l’Assemblée nationale pour la première fois, à l’automne 1994. Pendant huit ans, il a siégé seul sur une banquette éloignée, avant d’obtenir des renforts aux élections partielles de 2002. Même s’il a joint la caravane du Oui, au référendum de 1995, il a résisté à toutes les avances de joindre les péquistes et les libéraux.
À maintes reprises, on a prédit son départ. Il nous a toujours fait mentir.
Mario Dumont a été ébranlé en 2003, après avoir cru à la victoire dans les mois précédant les élections. C’est un chef « résigné » à faire du surplace pendant quatre ans qui a laissé partir ses collaborateurs de la première heure. « Le lendemain de l’élection, il nous a dit clairement : “J’ai la responsabilité de rester ici pendant quatre ans parce que j’ai un mandat, mais vous autres, je ne vous retiendrai pas et je ne vous en voudrai pas de faire autre chose pendant ces années-là », se rappelle un de ces collaborateurs. Mais jamais il n’a été question d’abandonner pendant cette traversée du désert.
Que nous réserve l’ADQ, maintenant qu’elle a des députés, des ressources et un pouvoir bien réel ? Il faut relire le premier discours de Mario Dumont à l’Assemblée nationale, le 1er décembre 1994, pour comprendre que ses priorités n’ont pas beaucoup changé. La dette publique, la taille de l’État et l’autonomie du Québec étaient les principaux thèmes de son discours.
« De quel droit renvoyons-nous, depuis plusieurs années, un déficit des opérations courantes sur le dos d’une génération de payeurs que nous savons moins nombreuse ? » demandait-il.
« On justifie et on institutionnalise les dédales administratifs plutôt que de les éliminer. C’est le principe de la queue qui balance le chien. »
Et finalement : « Le référendum doit rallier un consensus plus large et permettre à une majorité très significative de Québécois d’exprimer leur volonté d’autonomie », affirmait-il, en refusant d’avoir à choisir entre la souveraineté pure et dure et le statu quo.
Super Mario nous a tous surpris cette année. Les politiques qu’il défendra à l’Assemblée nationale sont beaucoup plus prévisibles. La place qu’il occupera dans les livres d’histoire reste à écrire, mais il est n’est pas hasardeux de prédire qu’il forcera libéraux et péquistes à refaire leurs devoirs s’ils désirent survivre à un tel bouleversement.
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