GESCA c. Vigile - des appuis

Se creuser une tombe

Médias - information, concentration, reproduction

Le litige entre GESCA et Vigile.net marque probablement un point tournant au Québec pour les entreprises de presse.
Malgré les apparences, et malgré les protestations de M. Frappier, avec qui je ne peux que me sentir solidaire, je crois que la presse écrite traditionnelle gagnera probablement une manche à court terme mais perdra la guerre à moyen terme. M. Frappier agit pour favoriser la libre circulation des idées tandis que GESCA cherche à la conditionner à l'aide de son emprise sur les moyens de communication.
Combattre la révolution numérique au XXIe siècle, c'est bien de cela dont il s'agit, ne peut mener qu'au naufrage du modèle d'affaire de la presse écrite développé au temps de la révolution industrielle.
Sans entrer dans le détail, considérons simplement, à titre d'exemple, le litige entre l'industrie de la musique et les sites et logiciels qui favorisent la libre circulation de la musique. Malgré les menaces, les procès et les amendes, ce sont finalement les auteurs qui se réveillent et qui réagissent. Comment ? En créant des sites web où ils peuvent vendre leurs créations directement aux consommateurs de musique.
Libération explique cette nouvelle direction ici.
Un commentaire trouvé sur le site de Libération résume bien la tendance qui se dessine à l'horizon.
«Ca sent la fin pour les maisons de disque... Les grands artistes viennent de se rendre compte qu'ils peuvent encaisser 85% des revenus des ventes de leur musique au lieu de 15% seulement...
Cela change tout.
Les gens des majors sont des parasites inutiles. Ils vont le découvrir bientôt.
Ils auront beau faire des procès à tout le monde, ce n'est pas de cette façon qu'on "fidélise" une clientèle.
Bon courage à eux dans leur reconversion. Ce sera sûrement difficile, oublier le temps des limousines et des jets privés aux frais de Bono, de Mick Jagger, de Tom Yorke ou Michael Stipe...»

Ce n'est qu'une question de temps avant que les auteurs des articles de La Presse et du Devoir réalisent qu'ils peuvent se passer de leurs «boîtes» en instaurant un système avec lequel ils pourraient vivre libre, sans contraintes et confortablement.
Par exemple ; prenons l'auteur Michel David du Devoir. Pourquoi ne pourrait-il pas vendre lui-même des abonnements à ses chroniques ? Qui ne paierait pas 10 $ par année pour recevoir deux ou trois textes de M. David à toutes les semaines ? En postulant que M. David est lu par un minimum de 15 000 lecteurs via Le Devoir, cela représenterait une somme de 150 000 $ par année dans sa poche. Peut-être que M. David pourrait augmenter le nombre de ses lecteurs en autorisant des sites comme Vigile à publier occasionnellement certains de ses articles. Il pourrait ensuite songer à abaisser le coût de l'abonnement à ses chroniques ce qui favoriserait une plus grande diffusion.
En additionnant le nombre d'auteurs qui pourraient intéresser un lecteur typique du Devoir et en calculant le coût d'abonnement aux articles de ces auteurs à une moyenne de 10 $ par année, je serais étonné que l'on arrive à la somme d'environ 250 $ annuellement, le tarif arrondi d'abonnement au Devoir. Un tel système serait plus payant pour l'auteur de l'article et moins cher pour les abonnés. Les lecteurs pourraient également diversifier leurs sources de renseignements, tout en se limitant à moins de 250 $ par année. Quant aux articles qui entrent dans la catégorie «divertissement», les lecteurs peuvent simplement faire une petite recherche dans Google pour trouver des dizaines de sites qui fournissent l'info gratuitement.
En plus, la libre circulation des idées pourrait ainsi être favorisée puisque le lecteur qui dépense 250 $ par année (approximativement) pour un abonnement aurait la liberté de sélectionner les auteurs qui l'intéressent. Un site comme Vigile pourrait servir de vitrine pour les auteurs en herbe et pour contribuer à la notoriété des plus expérimentés.
J'oubliais. Si M. David réussissait à obtenir 10 000 abonnements +, il me semble que beaucoup d'annonceurs aimeraient bien se faire voir à côté de ses chroniques. Encore une autre source de revenus.
En attendant, c'est peut-être dans cette voie que Vigile pourrait trouver son créneau. Une idée à développer.

Jacques A Nadeau


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