Ce qui s’est passé lors de la réouverture de la boutique d’Adidas à Montréal mercredi n’avait rien d’une anecdote et tout d’un révélateur.
On le sait, le gérant a commencé son discours en disant qu’il allait prononcer un mot en français pour « accommoder » la ville de Montréal et les médias francophones avant de revenir à l’anglais.
Ce n’était pas une maladresse, mais un geste de mépris.
Français
La situation du français se dégrade d’une année à l’autre à Montréal. C’est une langue qu’on accommode péniblement et qu’on traite comme une nuisance.
Elle agace, d’autant plus que, sur le plan légal, elle demeure la seule langue officielle. C’est un statut qu’on ne veut plus lui reconnaître et qu’on combat au jour le jour.
On traite les francophones comme une tribu qui devrait accepter de s’adapter à la modernité – c’est-à-dire qui devrait accepter de s’effacer, de disparaître sans déranger personne.
Nous sommes passés, en 20 ans, de bonjour, à bonjour/hi et à hi.
Et le fait que ce soit un gérant francophone qui se soit permis de dire une telle chose confirme que les Québécois francophones eux-mêmes collaborent à leur propre dissolution collective. Certains s’en font une fierté. Ils se sentent alors modernes, branchés.
Voyons le portrait d’ensemble : sous la pression de l’immigration massive, du fédéralisme canadien et de la mondialisation à l’américaine, Montréal ne se bilinguise pas, elle s’anglicise.
Disparaître
Et les Québécois francophones y sont de plus en plus accueillis comme des perturbateurs archaïques et agressifs, surtout s’ils n’acceptent pas leur sort de minoritaires résignés.
Bien des fois, s’ils insistent pour qu’on les serve en français, on les traitera comme des clients agressifs, peut-être même racistes.
Il faudra un jour modifier notre définition de ce qu’est un Québécois. Qu’est-ce qu’un Québécois ? Un étranger chez lui. Qu’est-ce qu’un Québécois ? Quelqu’un de trop dans son pays.