Manifestation

Pour l'amour du français

70 artistes participent à un spectacle-marathon de 12 heures

Crise linguistique au Québec 2012



Mélissa Guillemette - La manifestation-spectacle J'aime ma langue dans ta bouche a remporté son pari, avec un marathon artistique de langue française de près de douze heures.
À partir de midi, samedi, des francophiles de tous horizons invités par le Mouvement Montréal français (MMF) sont montés sur les planches du Lion d'Or pour conter, chanter, lire ou danser. Parmi eux, une néo-Québécoise d'origine chinoise qui chantait Piaf et une slameuse française ayant adopté le Québec, ce «pas pays» qui est devenu son «che' nous». La communauté kabyle de la métropole aussi a contribué au spectacle, comme le dramaturge Karim Akouche, qui a présenté un extrait de sa pièce Qui viendra fleurir ma tombe?, présentée récemment à la Place des Arts. «Un peuple qui ne défend pas sa langue est un peuple mûr pour l'esclavage, juge-t-il. Le Québec chérit sa liberté, et pour la conserver, il doit donc défendre sa langue.»
Le spectacle a présenté des numéros d'artistes originaires d'une dizaine de pays. Les défenseurs de la langue française souhaitaient justement faire un pied de nez à ceux qui les qualifient de «tricotés serré» xénophobes.
Plusieurs artistes et personnalités bien connus ont aussi témoigné de leur amour pour la langue française, comme Christian Bégin, Boucar Diouf, Geneviève Rioux, Yves Beauchemin et Hélène Florent. Au total, 70 personnes ont participé au spectacle, qui a fait salle comble.
Des politiciens de Québec solidaire, du Bloc québécois, du Parti québécois et d'Option nationale étaient présents, ainsi que le député indépendant Pierre Curzi. Sur les ondes de RDI, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a affirmé qu'elle serait bien venue, elle aussi, si on l'avait invitée.
Interrogé à mi-parcours, l'organisateur et porte-parole du MMF, Denis Trudel, a indiqué que J'aime ma langue dans ta bouche pourrait devenir une tradition annuelle. «L'an prochain, je veux absolument avoir un certain groupe de Tamouls qui jouent du Harmonium. Ils sont vraiment bons!» Il voudrait aussi déplacer l'événement dans un quartier de Montréal plus multiethnique, comme Côte-des-Nei-ges ou Saint-Michel.
Le MMF réclame une protection accrue de la langue française et s'inquiète de voir des immigrants qui ne maîtrisent pas le français. «On a fait beaucoup de manifestations contre des choses ces deux dernières années: contre les écoles passerelles, contre l'affichage unilingue, contre les unilingues à la Caisse de dépôt et placement du Québec, contre l'entraîneur du Canadien unilingue[...]. Avec le marathon, on veut briser cette perception qu'on est des empêcheurs, des brimeurs, alors qu'on veut simplement qu'on parle notre langue.»


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