Bien que toutes les provinces doivent demeurer égales, elles ne sont pas toutes les mêmes. Le Québec possède une histoire unique. Il a fait son entrée dans la fédération en comprenant que ses caractéristiques propres seraient protégées dans le nouveau gouvernement fédéral du Canada. L'unité canadienne a depuis lors nécessité la reconnaissance de cette entente.
De plus, les Québécois en sont venus à se reconnaître comme une nation, avec une langue, une histoire, une culture et un territoire qui les différencient en tant que peuple distinct. Le Québec est une nation civique et non une nation ethnique. Plus de 5000 nations sont reconnues comme telles dans le monde, mais il y a moins de 200 États aux Nations unies.
Je m'oppose à tout statut constitutionnel spécial pour une province. Reconnaître le Québec comme nation au sein du Canada, ce n'est pas faire une nouvelle concession. Ce n'est pas non plus le prélude à un transfert additionnel de compétences. Notre fédération a déjà trouvé un bon équilibre entre l'autonomie provinciale et l'autorité fédérale. Depuis les années 1960, le Québec jouit de la liberté de se soutirer de certains programmes nationaux - l'opting-out - afin de lui permettre de protéger l'identité de son peuple et de promouvoir son développement économique et social.
Même avec cet équilibre qui fonctionne, nous devons faire face à des faits purs et simples. C'est un fait que l'Assemblée nationale du Québec n'a pas donné son accord formel à la Constitution canadienne. C'est un fait que près de 25 ans se sont écoulés depuis le rapatriement de la Constitution et que plusieurs Québécois continuent de sentir que leur pays ne les inclut pas pleinement. L'appui à la souveraineté est aussi élevé qu'il ne l'a jamais été dans les sondages au Québec.
La semaine dernière, Benoît Pelletier, ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, a affirmé que la position de son gouvernement est que le Québec constitue une nation. M. Pelletier a clairement dit que, même si le moment n'est pas propice pour entamer une réforme constitutionnelle, c'est une question qui ne disparaîtra pas d'elle-même.
Aucune personnalité publique responsable n'entraînera les Canadiens dans des discussions constitutionnelles jusqu'à ce qu'il soit clair que le processus réussira à renforcer notre unité. Tout le monde sait que la dernière fois que nous avons emprunté ce chemin, nous avons échoué. Mais le Canada a changé. Le Québec a changé. Créer les conditions nécessaires pour entreprendre une nouvelle ronde de réforme constitutionnelle prendra, sans aucun doute, un certain temps. Lorsque la bonne foi y sera, lorsque la compréhension mutuelle y sera, lorsque la volonté politique y sera, nous devons donner une conclusion réussie à cette tâche inachevée.
Pas de réforme constitutionnelle
Au prochain congrès libéral, les délégués devront voter sur une résolution approuvée par l'aile québécoise du parti. Cette résolution réclame que le parti reconnaisse le Québec comme nation et nomme un comité d'experts pour faire des recommandations au prochain chef sur les façons de donner un sens à ce concept. La résolution ne réclame aucune action à être prise par un nouveau gouvernement libéral.
Les Québécois qui ont proposé cette résolution sont des libéraux fédéralistes qui se sont battus pour l'unité canadienne. Ce n'était pas l'intention de ses rédacteurs que la résolution suggère un mandat pour entreprendre une réforme constitutionnelle. Plusieurs libéraux sont inquiets que la résolution oblige la poursuite d'une reconnaissance constitutionnelle prématurée ou mal conçue. Ce n'est pas le cas. La résolution se veut être un geste de reconnaissance et de respect: le début, et non la conclusion, d'un dialogue que nous tiendrons entre libéraux.
Presque tous les candidats à la direction, dont moi, reconnaissent que le Québec est une nation. Nous reconnaissons tous que ce n'est pas le moment de poursuivre une reconnaissance constitutionnelle de ce fait. Une dispute entre nous sur le plancher du Congrès serait une fausse dispute. Au cours des dernières semaines, les candidats et leur entourage ont discuté afin de s'assurer que la résolution puisse être appuyée par tous les candidats.
Peu importe le résultat du vote sur cette résolution ou du vote sur le leadership, le prochain chef du Parti libéral ne devrait pas avoir peur d'entreprendre un dialogue au sein du parti, sous une forme ou une autre, sur les moyens à prendre pour s'assurer que le fédéralisme et le Parti libéral demeurent pertinents pour les Québécois.
Je ne crois pas que les échecs du passé devraient empêcher une discussion raisonnable sur l'avenir de notre pays. Être leader signifie créer les conditions propices à une discussion nationale et identifier les problèmes que nous devons résoudre ensemble.
L'enjeu est capital : l'élaboration commune par tous les Canadiens de ce que signifie d'être des citoyens égaux dans cet impressionnant pays du XXIe siècle, de reconnaître nos différences et de réaffirmer les liens qui nous unissent.
L'auteur est candidat à la direction du Parti libéral du Canada.
Pas de statut spécial
Reconnaître le Québec comme nation au sein du Canada, ce n'est pas faire une nouvelle concession
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