S'il est porté au pouvoir, François Legault mettrait fin à une tradition qui existe depuis des lustres lors d'un changement de gouvernement : il refuserait la nomination de quelques collaborateurs de la précédente administration à des postes dans la fonction publique.
Selon cette tradition, le premier ministre sortant propose à son successeur une courte liste de membres de son entourage à qui il souhaite une nomination. Le nouveau gouvernement accepte ensuite qu'un parachute leur soit donné. Le tout se déroule au moment de la passation des pouvoirs.
« C'est une vieille tradition, et je trouve que c'est dépassé, a affirmé le chef caquiste lors d'une mêlée de presse à Gatineau dimanche. C'est une façon de faire d'un autre siècle. Aujourd'hui, on nomme des personnes compétentes. Je ne ferai pas de cadeaux à trois amis de Philippe Couillard, les nommer et leur donner une job à vie [...] pour lui faire plaisir. »
En 2014, Philippe Couillard avait consenti à la nomination de trois fidèles collaborateurs de Pauline Marois. « Comme le veut la tradition, le premier ministre élu a accepté la nomination de trois collaborateurs de la première ministre. Deux d'entre eux réintègrent la fonction publique, un troisième y est nommé pour la première fois. Il s'agit de Marc‑André Beaulieu, de Stéphane Dolbec et de Patrick Lahaie », peut-on lire dans un communiqué de presse du 16 avril 2014, quelques jours après l'arrivée au pouvoir des libéraux.
Deux ans plus tôt, Pauline Marois avait accepté la nomination de deux membres du cabinet de Jean Charest, comme ce dernier le souhaitait. Il s'agissait d'Isabelle Jean et de Chantal Landry - qui avait été surnommée « madame Post-it » à la suite de son passage devant la commission Bastarache sur la nomination des juges.
L'opération avait dérapé et soulevé la controverse : les deux femmes avaient d'abord été nommées sous-ministres adjointes pour ensuite être rétrogradées à des fonctions de moindre importance.
François Legault annulerait-il des nominations que pourrait faire Philippe Couillard si celui-ci devait céder le pouvoir ? « Pour l'instant, je préférerais qu'il n'en fasse pas », s'est contenté de répondre le chef caquiste.