Le maire de Montréal voudrait que la loi 62 sur la neutralité religieuse et les accommodements ne s’applique pas à sa ville. Montréal devrait gérer elle-même ses enjeux de laïcité.
Il s’agit d’une idée absurde et malsaine. À ce que je sache, Montréal fait toujours partie du Québec. Elle en est la métropole, mais elle ne constitue pas ni un duché ni une principauté avec ses propres lois.
Ce n’est pas la première fois que le maire Coderre s’exprime comme s’il voulait l’indépendance de Montréal. Lors de la formulation de ses premières demandes au gouvernement Couillard en vue d’une Charte de Montréal, il tenait le même genre de langage.
Si le gouvernement Couillard avait acquiescé à tous ses vœux, la Ville de Montréal aurait fini avec quasiment plus de pouvoirs que Québec. Heureusement, le ministre Martin Coiteux a remis les choses dans leurs justes proportions et a calmé les ardeurs du maire Coderre.
Identité
Dans le cas de la loi 62 sur la neutralité religieuse et les accommodements, la demande d’exclusion du maire dérange encore davantage. Puisqu’il est question d’identité et de valeurs fondamentales, on n’oserait pas imaginer couper le Québec en deux sur de tels enjeux.
Le maire soutiendra que Montréal vit une réalité unique puisqu’elle accueille la très vaste majorité des nouveaux arrivants. Raison de plus pour une application uniforme. Que vaudrait une politique québécoise sur l’intégration des immigrants ou sur les accommodements religieux si l’on excluait d’emblée Montréal de son champ d’application ?
Bien sûr, le maire de Montréal pourra s’exprimer. À titre de porte-parole d’une ville qui accueille massivement des personnes issues de l’immigration, son point de vue aura un poids particulier. Mais une fois la politique finale décidée, une fois la loi votée par l’Assemblée nationale, son application devra être uniforme sur tout le territoire québécois.
Denis Coderre appuie sa revendication sur le statut de métropole qui vient d’être octroyé à Montréal. Faisons attention. Je suis d’accord depuis longtemps pour accroître l’autonomie municipale. Plusieurs lois du Québec sont tatillonnes, compliquent la vie des villes, allongent les délais.
Dans bien des cas, le niveau de gouvernement municipal, le plus proche du citoyen, peut rendre les services à moindre coût. Le gouvernement Couillard s’est d’ailleurs résolument engagé dans ce processus d’autonomie municipale accrue et de décentralisation. Tant mieux.
Absurde résultat
Mais il y a toute une marge à franchir avant de penser à soustraire Montréal d’une loi d’application générale comme celle sur la neutralité religieuse et les accommodements. Le gouvernement du Québec a dit non jusqu’à maintenant. Ce non doit rester ferme.
Imaginez les conséquences d’une telle exception. Quelqu’un demande un accommodement religieux à Laval ? On lui dira non. Il faudrait déménager à Montréal. Une personne veut obtenir un service public avec le niqab à Brossard ? On lui dira non. Présentez-vous à Montréal.
Montréal pense différemment du reste du Québec. Soit, c’est une métropole. Montréal vote très différemment du reste du Québec. Aucun problème. Mais Montréal fait encore partie du Québec. Voici une belle occasion de le rappeler à tous.
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