Les derniers sondages, notamment le CROP publié dans La Presse la semaine dernière, montrent que les trois principaux partis sont virtuellement nez à nez. Mais si on regarde la dynamique propre à chaque parti, la remontée impressionnante du PQ de Mme Marois, le dégonflement de la CAQ et l'impopularité chronique du gouvernement Charest, surtout chez les francophones, ces données indiquent que le Parti québécois pourrait fort bien remporter les prochaines élections.
Cette possibilité confère une certaine urgence à une question que j'ai abordée à plusieurs reprises. Avec cette perspective de victoire, il est plus que temps que Mme Marois siffle la fin de la récréation et que son parti change de vitesse et commence à ressembler à un parti prêt à diriger un gouvernement.
La question se pose, encore une fois, avec la toute dernière intervention structurée de Mme Marois. La chef de l'opposition a convoqué une conférence de presse pour réclamer des élections sur le Plan Nord, qu'elle décrit, avec humour, comme «le plan marketing du Nord».
En soi, ce n'est pas une mauvaise idée d'en faire un enjeu électoral. Mais pour parler de quoi, au juste? Mme Marois a surtout insisté sur le niveau insuffisant des redevances exigées des compagnies minières. Elle a promis d'aller chercher plus. En soi, nous sommes tous d'accord pour que le gouvernement perçoive le plus possible de revenus miniers sans tuer la poule aux oeufs d'or. Le véritable débat consiste à savoir combien. Les libéraux ont-ils obtenu tout ce qu'ils pouvaient? Sinon, quel est le maximum possible?
Mme Marois n'a rien à nous dire là-dessus! Elle promet plus de redevances, mais elle ne sait pas de combien. Pas de chiffres. Elle ne le saura qu'une fois au pouvoir, quand elle disposera des données dont elle a besoin. Résumons donc. Une campagne sur le Plan nord, essentiellement sur le niveau des redevances, où on dira en substance qu'elles sont insuffisantes, sans pouvoir dire de combien. Ça va être long!
Ce que l'on peut craindre, à défaut de détails constructifs, c'est une dénonciation du projet libéral qui surfera sur le sentiment anti-minières présent dans bien des milieux. Avec une vague promesse de presser le citron minier. Avec le risque d'effrayer les investisseurs. Tout ce qui manque, c'est une promesse de moratoire, comme pour le gaz de schiste. Il est difficile de ne pas penser au spectaculaire 180 degrés que devra faire le PQ s'il prend le pouvoir pour recoller les pots cassés.
L'autre dossier où le PQ a montré, cette semaine, qu'il devrait s'imposer de pénibles contorsions pour passer du mode critique au mode pouvoir, c'est celui des finances publiques. Profitant du rapport du Vérificateur général faisant état de l'augmentation de la dette et d'une croissance des dépenses plus élevée que prévu, le critique péquiste a reproché au gouvernement «de ne pas faire les efforts promis».
On s'entend, les «efforts promis», ce sont des compressions de dépenses. Le PQ reproche en substance aux libéraux de ne pas assez couper. Comme nous le rappelle le débat sur les finances publiques ontariennes ou celui sur le budget fédéral, nous avons dépassé depuis longtemps le stade de l'élimination du gaspillage. Les coupures, ce sont des mises à pied, des choix, des services de moins pour les citoyens. Et ce sont les libéraux qui répondent en disant qu'ils veulent protéger les services publics. C'est le monde à l'envers.
Et est-ce que cela signifie que le PQ, au pouvoir, qui s'oppose en outre à plusieurs ponctions fiscales et hausses de tarifs annoncées par le gouvernement, notamment les droits de scolarité, couperait plus que les libéraux? Ou est-ce que, là aussi, il faudrait s'attendre à un triple salto arrière?
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