L'hôpital Saint-Luc, à Montréal. PHOTO: DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
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L'infortunée aventure des PPP n'est apparemment pas terminée pour les mégahôpitaux de Montréal. Pour sauver la face, le gouvernement semble persister dans l'erreur, même s'il est devenu évident que l'on se dirige vers un désastre financier qui va permettre d'enrichir des initiés, sans qu'ils prennent le moindre risque.
L'idéal n'aurait-il pas été de construire un seul mégahôpital bilingue, le CUSM, sans recourir à une formule PPP? Mais non, il fallait en faire deux en même temps, un francophone et un anglophone, même si, au départ, on avait identifié que la formule PPP apportait plus d'inconvénients que d'avantages.
Le CHUM constitue un concept d'architecture verticale dépassé sur le plan pratique, contrairement au concept d'architecture horizontale du CUSM. Pour des raisons politiques, le gouvernement a retardé considérablement le programme du CUSM par l'imposition de la formule PPP. Sans cet inconvénient, le chantier du CUSM serait beaucoup plus avancé à l'heure présente.
L'Agence des PPP du Québec (APPPQ) n'a jamais rien compris à la gestion organisationnelle et à l'ingénierie simultanée, encore moins à la pertinence de l'architecture dans le contexte de la réalisation économique du grand projet d'architecture horizontale. La solution intelligente était de concevoir le CUSM à partir d'une maquette virtuelle en adoptant un concept d'ingénierie concourante pour assurer un meilleur déploiement de la fonction qualité et ainsi minimiser les cycles de réfection durant la construction. Mais non, l'Agence entendait contrôler la construction à la mitaine, à partir de dessins d'ateliers exécutés manuellement sans tenir compte de la troisième dimension. Contre les attentes contre-productives, le président de l'Ordre des architectes du Québec, André Bourassa, a courageusement confronté l'attitude cavalière de l'APPPQ. Ce qui s'est soldé par la disparition de l'APPPQ et de ses principaux dirigeants.
Si l'on persiste avec la formule PPP, il sera très coûteux d'inclure des changements après que les paramètres de la conception auront été gelés. Les gestionnaires du CUSM et le gouvernement devront négocier durant de nombreuses années avec un consortium international qui sera traité comme le Mozambique au point de vue des taux d'intérêt quand viendra le temps d'emprunter des capitaux sur le marché international. Ce qui fut le cas du Tunnel sous la Manche, dont les bailleurs de fonds perdirent le contrôle au bénéfice des hedge funds pour une période de 99 ans.
Le pire qui pourrait arriver est un partenariat avec les mêmes firmes d'ingénieurs-conseils et les grands entrepreneurs qui se partagent les bénéfices financiers des grands projets au Québec. Quel sera le coût final du CUSM? Le gouvernement risque de perdre des milliards de dollars.
Il est encore temps de faire marche arrière, de nettoyer les écuries d'Augias, et de garder le contrôle en revenant à un mode d'exécution traditionnel plus conforme à notre culture d'entreprise.
Quant au CHUM, il serait plus sage d'abandonner la réalisation d'un centre de recherche et d'éliminer la formule PPP. Il faut plutôt procéder à la rénovation de trois hôpitaux qui conservent leur vocation universitaire et qui sont capables d'assumer adéquatement leur fonction première de soigner des malades. Il y va de la santé des Montréalais!
Réaliser un mégahôpital en PPP, selon les préceptes de la défunte Agence des PPP du Québec, est toujours une catastrophe et en réaliser deux en même temps, de la folie furieuse.
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Jean-Claude Huot
L'auteur est un docteur ès sciences qui réside à Sainte-Agathe-des-Monts.
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