Cet article est le second de notre entrevue exclusive avec le chef du Parti populaire, Maxime Bernier. Vous pouvez consulter la première partie en cliquant ici.
S'il accepte qu'on lui accole l'étiquette de « populiste », Maxime Bernier prend la peine de préciser qu'il est « un populiste qui fait appel à l'intelligence des gens et non pas à leurs émotions ». Refusant de pratiquer la langue de bois, ce loup solitaire est parti en croisade contre « le multiculturalisme à l'extrême » de Justin Trudeau et il n'a pas hésité un instant à remettre en question le dogme de l'augmentation des seuils d'immigration à tout prix.
Véritable hérétique parmi les politiciens en matière de flux migratoire, il estime que le Canada devrait abaisser les seuils d'immigration de 300 000 nouveaux arrivants à 250 000 et le plus tôt sera le mieux. Un peu à l'instar de François Legault, il estime qu'il faut viser à attirer de nouveaux arrivants qui seront susceptibles de mieux s'intégrer s'ils sont sélectionnés en fonction de nos besoins économiques et, surtout, s'ils « partagent nos valeurs ».
Faire respecter nos frontières
Maxime Bernier reconnaît donc l'importance de faire respecter nos frontières et il semble acquiescer à notre observation à l'effet que le gouvernement Trump pourrait bien utiliser la perméabilité de nos frontières pour se débarrasser des migrants illégaux qui n'ont plus droit de cité aux États-Unis.
Déplorant le fait que Justin Trudeau s'en aille signer au pas de course le Pacte de l'ONU sur les migrants, notre interlocuteur estime qu'« avec la signature de ce pacte, le Canada va embarquer dans le train des Nations unies afin de régulariser les migrations au Canada et à travers le monde. On a été jusqu'à perdre la gestion des immigrants qui se présentent à la frontière du Québec et qui sont des demandeurs d'asile et des réfugiés potentiels, c'est de l'immigration illégale. Un pays souverain devrait être en mesure de faire respecter ses frontières », finit-il par concéder.
Nous avons talonné M. Bernier pour savoir ce qu'il entendait faire au sujet de ce fameux pacte de l'ONU, advenant qu'il finisse par remplacer les Libéraux. « Si nous prenons le pouvoir, nous allons nous retirer de ce pacte », a-t-il fait valoir sans hésitation.
Pour des relations égalitaires à l'international
Par ailleurs, il ne cache pas son amertume face à l'interventionnisme à tous crins qui semble être la marque de commerce du gouvernement Trudeau. Le programme du Parti populaire est sans équivoque au chapitre de la réduction de la taille du gouvernement fédéral et notre interlocuteur estime que « ce n'est pas le rôle du Canada de mettre sur pied une Banque des infrastructures pour aider d'autres pays à bâtir des infrastructures ».
Chemin faisant, il estime qu'il est impératif « de couper ce type d'aide afin de récupérer 5 milliards par année afin d'aider le Canada à s'occuper de sa sécurité et de sa prospérité ». M. Bernier croit que le gouvernement Trudeau dépense des fortunes pour les infrastructures du tiers-monde « parce qu'il veut gagner un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Ainsi donc, dépensant l'argent des Canadiens, il tente de plaire à toute une kyrielle de pays afin d'obtenir ce fameux siège. Nous n'hésitons pas à dire que ce n'est pas une priorité, c'est de l'argent qui est mal dépensé en fin de compte ».
Les limites du raisonnement libertarien
Maxime Bernier reconnaît, comme l'ensemble de la classe politique, que le Canada s'est bâti à partir d'une succession de vagues migratoires. Toutefois, il refuse catégoriquement d'endosser la nouvelle doctrine globaliste qui réclame une ouverture totale et définitive de nos frontières.
C'est, en fin de compte, sur ce point précis que semble achopper toute son argumentation puisqu'il demeure intraitable pour ce qui est de lever toutes formes de barrières tarifaires ou de mesures protectionnistes à l'international. C'est, pourtant, une vérité de La Palice que de constater que la libre circulation du grand capital implique la destruction de toutes les frontières, sans équivoque.
Qui plus est, M. Bernier prône une décentralisation des pouvoirs fédéraux en direction des provinces, dans un contexte où elles « pourraient s'en réjouir puisque cette constitution [canadienne] a été bien faite par les pères de la Constitution. Ils savaient que le gouvernement le plus efficace, c'est le gouvernement le plus proche des gens ».
Si cette assertion est susceptible de réjouir les gouvernements autonomistes du Québec et de la Colombie-Britannique, il n'en demeure pas moins que l'affaiblissement des prérogatives nationales au profit d'un régionalisme décentralisateur représente une des armes favorites des stratèges mondialistes.