Pauline Marois articulera son programme économique autour du thème de la création de la richesse. Dressant un constat sévère de la problématique qui interpelle une population appauvrie, la chef péquiste croit que les Québécois sont prêts à entendre la vérité. Le coût des mesures retenues ne devra pas être transmis aux prochaines générations a-t-elle insisté, en évoquant l'espace fiscal libéré par Ottawa.
«Le constat est sévère, mais il faut accepter de le faire. Autrement, on n'applique pas de solutions audacieuses. On fait des petits ronrons, comme d'habitude.» Pauline Marois estime que les Québécois se sont assoupis, «avec des chiffres qui nous apparaissent rassurants». Mais, dans les faits, «l'état de notre économie est aujourd'hui très préoccupant.» Résultat: «Les Québécois sont moins riches que les Canadiens et beaucoup moins riches que les Américains.»
Mme Marois a amorcé la réflexion autour du prochain programme économique du Parti québécois. Une fiscalité plus compétitive de nos entreprises, des stimulants à l'investissement sous forme de crédit d'impôt, une Caisse de dépôt plus engagée, une Hydro-Québec plus structurante et des pouvoirs de l'État décentralisés, ou régionalisés, composent les grands piliers retenus par la chef péquiste. «Nous ne pouvons plus continuellement repartager la même tarte de richesse collective. Il faut accélérer la création de richesse», a-t-elle martelé devant un auditoire de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Pour y parvenir, il faut miser sur les gains de productivité, sur la croissance des exportations et sur l'accompagnement des entreprises dans des créneaux porteurs inspirés des grandes tendances mondiales. On y parvient «en consacrant nos efforts dans trois champs d'action prioritaires: l'éducation, un environnement d'affaires propice à l'investissement et la promotion de l'excellence en matière d'innovation, de R-D et de transferts technologiques.»
Dit autrement, «nous sommes dans un virage. On le voit dans le manufacturier, dans la forêt... On se fait doubler par l'Asie, par les pays émergents. Pas question de laisser tomber ces emplois. Il faut défendre ce que l'on a. Mais il faut aller vers la valeur ajoutée, vers la qualité des emplois». Et cela passe par une fiscalité des entreprises plus compétitive. Par l'élimination de la taxe sur le capital - «la taxe le plus nuisible pour notre développement économique» - et par le rétablissement des crédits d'impôt stimulant les investissements structurants. «J'y tiens!». Mme Marois rappelle que lorsque le Parti québécois était au pouvoir, ces crédits d'impôt ciblés ont permis au Québec de se démarquer mondialement dans des créneaux porteurs, comme le multimédia, la biotechnologie et les techniques de santé. Ces stimulants ont été abaissés depuis. «Nous prenons du recul.»
Facture
«L'ensemble de ces gestes pour accroître la richesse des Québécois nécessitera une marge de manoeuvre considérable, et il n'est pas question de reporter sur les générations qui nous suivront le coût de ces mesures», a souligné la chef. «Nous croyons que les Québécois sont prêts à entendre la vérité et qu'il est de notre devoir de donner l'heure juste.»
Pauline Marois n'est pas très explicite lorsque vient le temps d'aborder la façon dont la facture devra être absorbée. Elle parle d'une contribution d'Hydro-Québec, par ses investissements, par ses exportations d'une énergie en surplus et par le pouvoir d'attraction que la société d'État peut exercer sur les entreprises, notamment en deuxième et troisième transformations. Mais «pas question de revenir aux contrats secrets», prend-elle soin d'ajouter, ni de privilégier les tarifs préférentiels. Elle parle également d'une Caisse de dépôt qui devra revoir son modèle d'intervention. «Je crois que les deux missions de la Caisse ne sont pas incompatibles.»
La question du déséquilibre fiscal sera également revisitée, alors qu'une partie de l'espace fiscal libéré par Ottawa sera occupé. Mme Marois pense à une récupération de la réduction du taux de la TPS et à une réallocation des ajustements obtenus au déséquilibre fiscal vers les programmes et services, et non sous forme de réduction de l'impôt des particuliers. «Le gouvernement Charest a raté une belle occasion en n'occupant pas le champ libéré par la réduction de la TPS», a répété Mme Marois, qui retient également que les derniers transferts obtenus d'Ottawa n'auraient pas dû être transformés en baisse d'impôt. «Tout le monde était d'accord pour dénoncer le choix de Jean Charest. Ça détruit son rapport de force avec Ottawa.»
Reste la façon de faire de l'État. «Le temps est venu de penser l'organisation politique et administrative de façon plus moderne. Il y a trop de ministères, trop de changements inutiles de structures, trop de confusion dans les rôles», a-elle martelé devant les Grands Partenaires économiques. En entrevue hier, Mme Marois a plutôt parlé d'une nouvelle façon de faire, de gérer, et moins d'une réduction de la taille de l'État. Une façon de faire basée sur l'imputabilité et sur un partage des pouvoirs privilégiant la décentralisation, la régionalisation.
Quant à l'État partenaire, il ne faudrait pas y voir un engouement pour les partenariats public-privé. Du moins, «il faut évaluer ce qui se fait maintenant», a-t-elle nuancé. Mais «j'ai des doutes».
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