La démission d’un simple député pour des raisons de santé ne devrait pas constituer une grosse nouvelle, sauf dans sa circonscription.
C’était le cas de la démission du libéral Raj Grewal, qui a démissionné de son comté de la banlieue torontoise la semaine passée. Or, ce que nous apprenons depuis jette par terre. Le scandale pourrait être énorme.
Nous avons d’abord su que le problème de santé était un problème de jeu. À première vue, le jeu compulsif représente une problématique connue. Cependant, le député Grewal a joué selon la GRC des MILLIONS de dollars. Des millions !!! Incompatible avec la paye d’un député. D’où vient cet argent ?
Digne d’un film
Le portrait de la situation n’est pas tout à fait clair, mais les pièces du puzzle que les enquêtes journalistiques nous révèlent sont assez laides, merci. Les récits des différents médias ressemblent de plus en plus à la trame d’un film. Et même d’un film qu’on jugerait à peine vraisemblable.
Le train de vie de ce député dans la jeune trentaine est inexplicable. Des millions dépensés au casino, deux condos de plus d’un million achetés cette année, des prêts pour l’acquisition de trois véhicules de luxe depuis le début de l’année. À plusieurs occasions, il aurait dépensé plus de 10 000 $ au casino dans la même journée, ce qui a attiré l’attention de la GRC.
L’invraisemblable, c’est que Grewal siège au Comité des finances de la Chambre des communes. Il a même profité d’une séance de travail sur la lutte au blanchiment d’argent pour s’informer sur les méthodes d’enquête de la GRC en la matière ! Il s’intéressait à la façon dont on traite le dossier d’une personne qui laisse plus de 10 000 $ au casino dans la même journée. Servait-il alors l’intérêt supérieur du pays ???
La Presse canadienne avance maintenant que la Police provinciale de l’Ontario a vu apparaître le nom de Grewal dans le cadre d’une enquête sur le « blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue et destiné à un groupe extrémiste du Moyen-Orient ». Ce n’est pas du menu fretin !
Voyage en Inde
Le même député faisait déjà l’objet d’une enquête pour ses démarches visant à faire inviter un homme d’affaires dans le voyage en Inde de son chef Justin Trudeau. Grewal était lui-même sur la liste de paye de cet entrepreneur.
Existe-t-il un lien entre le voyage, les dettes, le casino, l’intérêt pour le blanchiment d’argent ? Le député était-il impliqué consciemment dans des activités douteuses ou a-t-il seulement été utilisé, voire manipulé, par des gens mal intentionnés ? Les enquêtes pourront, je l’espère, répondre à ces questions.
Des questions se posent aussi sur la gestion de l’affaire par le premier ministre. Un flou existe concernant les moments auxquels le premier ministre a été mis au courant de chacune des facettes des problèmes de son député. Je suis renversé que ce député ait gardé toutes ses fonctions, incluant au Comité des finances du Parlement, jusqu’à la semaine passée.