Une semaine après les révélations de Radio-Canada, Gilles Vaillancourt était toujours maire de Laval et membre du conseil d'administration (CA) d'Hydro-Québec.
Le premier ministre du Québec a pourtant déclaré publiquement qu'il croyait son député Martin Auclair, qui dit s'être fait offrir une enveloppe d'argent par le maire de Laval.
Peut-on siéger au CA de cette énorme société d'État tout en étant ni plus ni moins traité de menteur par le premier ministre? On dirait que oui pour le moment. La ministre des Ressources naturelles lui a suggéré de se retirer. Il réfléchit encore.
Il circule beaucoup d'informations au CA d'Hydro-Québec, un donneur d'ouvrage important. Je n'aime pas penser qu'on y trouve un donneur d'enveloppes, aussi blanches soient-elles.
Vous me direz: comment se fait-il que le gouvernement Charest l'ait même nommé à ce conseil d'administration, en 2007?
Compte tenu des cas de copinage et des problèmes d'éthique bien documentés à la mairie de Laval, ce choix est étonnant. Dès 1995, le rapport de Gilles Martin, remis au ministère des Affaires municipales, soulevait plusieurs cas douteux de contrats donnés à des amis ou de locaux loués pour la Ville sans négociation, parfois 25% plus chers que ceux du gouvernement... dans le même immeuble.
Le Parti québécois n'a jamais pris les problèmes de Laval au sérieux. Les libéraux non plus. Et voici tout ce monde absolument estomaqué pour deux petites enveloppes.
La vérité, c'est qu'à Québec, on n'a pas osé attaquer Gilles Vaillancourt. Ni le reste du monde municipal. Les organisations politiques municipales sont plus utiles comme alliées. Quel parti a le goût de jouer à la police des villes? Alors, on laisse faire.
Et puis, Gilles Vaillancourt est réélu sans opposition chaque fois, c'est le choix des gens de Laval, non? Si les gens n'en veulent plus, s'ils ne veulent plus du maire de Mascouche, qu'ils le congédient aux prochaines élections, non? Et il est gentil, M. Vaillancourt, voyez ce qu'en disait, hier dans La Presse, Gaétan Frigon, ex-PDG de Loto-Québec et de la SAQ: il lui a fait faire un tour de cette ville qu'il connaît comme le fond de sa poche. C'était touchant de naïveté.
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Dans combien de villes des environs de Montréal voit-on toujours les mêmes bureaux d'avocats qui ramassent les contrats, les mêmes firmes de génie-conseil, les mêmes entrepreneurs qui font les travaux? Qui organise les élections clés en main, d'après vous?
À force de ne pas s'en occuper, le problème a seulement grossi et maintenant il éclabousse tout le monde politique à l'Assemblée nationale. Bien fait pour eux.
Lundi, Le Devoir a confessé un initié de l'unité anti-collusion au sujet des firmes de génie-conseil. Elles seraient neuf à former une sorte de cartel pour se partager les contrats. Elles seraient évidemment de connivence avec les entreprises de construction. Elles sont celles qui conseillent les villes, généralement dépourvues d'un service d'ingénierie digne de ce nom.
Réaction de la présidente de l'Ordre des ingénieurs, Maud Cohen: c'est très sérieux et c'est pourquoi nous avons demandé une enquête l'an dernier. Voilà une femme qui a du cran: quand on sait le poids des grandes firmes de génie-conseil, qui emploient la plupart des ingénieurs, prendre aussi franchement position n'est pas si évident. Je m'attendais à ce qu'elle remette en question le bien-fondé des informations. Non, ça ressemble à ce qu'elle entend dans le milieu.
Dès l'an dernier, l'Ordre disait qu'il fallait d'urgence s'attaquer à tout le processus des appels d'offres dans les municipalités.
Ce qui se dessine un peu plus clairement, c'est une collusion entre firmes de construction et firmes de génie-conseil... firmes qui organisent les élections et qui les financent. Et pas seulement dans les villes.
On ne réglera pas ça avec quelques enquêtes policières et un code de déontologie.
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