La fronde bretonne contre les portiques de l’écotaxe fait la une de l’actualité, avant reculade finale du gouvernement. Cette révolte est riche de leçons pour tous les insurgés.
D’abord, ce n’est pas un énième épisode de la lutte des classes marxiste. Les bonnets rouges sont des artisans, des commerçants, des paysans, des transporteurs…
Patrons et salariés défendent ensemble leur outil de travail commun : leur terre. Bien sûr, l’écotaxe est un cas particulier : ses victimes ne sont pas des salariés injustement licenciés, soudés par la même profession et l’opposition à un patron-voyou. Ici, l’ennemi, c’est l’État et sa politique, qui menacent tout un territoire. Le combat est nécessairement transversal. Mais, lorsque la fermeture d’une usine menace l’activité d’une région entière, n’y a-t-il pas, là aussi, matière à rallier au-delà des employés qui en sont directement victimes ?
Les bonnets rouges nous montrent la voie : l’unité du peuple en colère contre l’oligarchie. Car, derrière l’alibi écologique de l’écotaxe, il y a la volonté de l’État de payer ses créanciers internationaux, gangsters de la banque et requins de la finance… C’est l’austérité verte.
Ensuite et surtout, la fronde bretonne tire sa force morale et sa légitimité populaire de son enracinement dans une mémoire identitaire : le souvenir de la résistance de l’Ouest, en 1675, contre la taxation des papiers timbrés. D’où ces mots de Thierry Merret (président de la FDSEA) à l’officier de gendarmerie : « Vous êtes Breton, vu votre nom. Je vous le dis, monsieur Bras : on fait cause commune ; aujourd’hui, il y a une solidarité bretonne ! »
Comme les révolutionnaires mexicains de 1910 et les paysans du Larzac dans les années 70, les bonnets rouges veulent vivre et travailler au pays. La Révolution mexicaine, rappelle John Womack – auteur de Emiliano Zapata (1976) –, c’est « l’histoire de campagnards qui ne voulaient pas bouger », [qui voulaient] « rester dans les villages et les petites villes où ils avaient grandi, où, avant eux, depuis des siècles, leurs ancêtres avaient vécu et étaient morts… et qui se trouvèrent ainsi amenés à faire une révolution. »
Peut-être que la lutte des bonnets rouges sera couronnée de succès. Le passé semble témoigner en leur faveur : quand la justice sociale prend le drapeau de l’identité, elle rallie la sympathie du peuple et vient à bout de la tyrannie.
Comme le disait Proudhon : « Toujours en France la révolution a surgi du juste milieu froissé. » Dans Impasse Adam Smith (2006), Jean-Claude Michéa relevait que la « sensibilité conservatrice » est la « condition » de « l’esprit révolutionnaire. [...] Puisqu’à l’origine, c’est le désir de protéger des choses anciennes qui mènent aux transformations les plus radicales… » Comme la défense de la famille face à la loi Taubira fit naître l’idée d’un « Printemps français ».
Entendez-vous l’insurrection qui vient ?
Les bonnets rouges et l’insurrection qui vient
Julien Langella
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