À partir de la mi-décennie 1950, nous, alors Canadiens-Français convaincus d'être une des deux nations fondatrices du pays, avons mené une bataille en règle pour remplacer le Red Ensign, qui servait de drapeau national au Canada, par un véritable drapeau canadien , un drapeau bien à nous. Il nous a fallu une bonne dizaine d'années pour convaincre nos concitoyens de langue anglaise du bien-fondé de notre lutte. Finalement, l'unifolié blanc et rouge fut adopté en 1965. Nous espérions que le fait français, notre nation, serait ostensiblement reconnu sur ce nouvel étendard. Nenni. Le Canada s'étant approprié notre idée lui a donnée la facture qui répondait à sa conception fédéraliste qui a toujours refusé la notion des deux nations fondatrices.
Puis au début des années 1960, nous avons ajouté à notre demande pour un drapeau canadien l'adoption d'un hymne national bien à nous, l'adoption de l'O Canada. Pour remplacer le "God Save the Queen". Encore là convaincre nos concitoyens anglophones exigea de nombreux et prodigieux efforts. Des campagnes de promotion. Des démonstrations. Finalement Le Canada adopta l'O Canada en 1968. Et un an plus tard, le gouvernement Trudeau refusait formellement de nous reconnaître comme peuple fondateur, comme nation. Il devait d'ailleurs constitutionnaliser notre non-existence en 1982. PE Trudeau a alors refondé le régime canadien qui instaure une politique centripète plus prononcée au détriment des provinces qu'il convertit en suzeraines de l'empire fédéraliste canadien. Au détriment de la nation québécoise qui fut reléguée au rang d'une communauté parmi d'autres.
Et on veut maintenant nous embrigader en une nouvelle bataille: l'abolition de la monarchie. Comme pour le drapeau, comme pour l'hymne national, le Canada, éventuellement, s'appropriera cette cause pour en détourner les effets en sa faveur. Comme l'Inde en 1950, il se donnera un président aux pouvoirs symboliques. Les provinces pourront aussi se donner des présidents encore plus symboliques. Mais rien de tout cela n'affectera la dynamique colonisatrice du fédéral si bien définie par Marc Chevrier dans L'Empire en Marche. Nous, Québécois, demeurerons gros-Jean comme devant.
Puis il en va de même pour les référendums. Un référendum vient couronner les efforts inlassables et soutenus d'une population vers son indépendance. Il ne vient pas avant mais après. Quand le Québec agira de plus en plus hors des contraintes prévues par la constitution, il s'approchera de l'éventualité de tenir un référendum. Des gestes souverains. Comme se donner une citoyenneté québécoise. Décréter la laicité intégrale de l'état: tous les enseignants et tous les fonctionnaires. Refuser de prêter serment à la Reine. Faire du français la langue du Québec: la loi 101 au CEGEP; revoir le financement du secteur anglophone. Des gestes d'affirmation nationale. Un référendum viendra confirmer le bien-fondé de ces actions, un référendum gagnant qui nous donnera un état bien à nous. À ce sujet, il faut voir le billet de Christian Néron. //vigile.quebec/articles/egalite-ou-independance-6580
La vraie bataille, la seule qui compte vraiment, c'est celle pour un état souverain.
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5 commentaires
Michel Matte Répondre
11 mars 2021La monarchie n’est pas seulement symbolique. Elle est centrale au pouvoir canadien et sa contestation est une démarche très utile. Pour citer Matthew Ehret :
Le Canada est au coeur de la cabale de l’État profond contrôlé par la City de Londres sous couvert de la monarchie.
Mais cette cabale est fortement ébranlée. D’abord parce que le règne de la famille royale est illégal. Ensuite la gouverneure générale Julie Payette a démissionné supposément pour couvrir un rapport accablant sur la trahison de Justin Trudeau et Chrystia Freland au profit de gouvernements étrangers.
Un grand ménage s’impose même au niveau constitutionnel.
Armand Hébert Répondre
9 mars 2021Même l'Australie songe de plus en plus è se défaire de la monarchie.
On a sûrement d'autres chats
fouetter ici, au Québec. Se défaire de la monarchie: u8n combat inutile.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
8 mars 2021La bataille futile a commencé avec Henri Bourassa.
Un moment important et préjudiable pour nous fut la fin des recours juridiques au Conseil privé à Londres dans les cas de litiges entre le fédéral et les provinces. Selon Me Néron, la moitié des décisions de la Cour suprême du Canada était renversées par Londres. La Constitutionnaliste Eugénie Brouillet (La Négation de la nation) établit ce moment de la rupture de ce recours juridique au moment ou Ottawa a pris un pas important pour la centralisation. On pourrait ajouter le centralisation ficale.
Bref, l'auteur a raison...une bataile futile.
Le seul cadre stratégique qui vaille est celui de l'édification de l'État du Québec dans tous les espaces où les rapports de force seraient favorables.(La doctrine Vigile)
Les souverainistes auraient intérêts à penser le Québec comme un État plutôt que comme une province.
JCPomerleau
Pierre Gouin Répondre
3 mars 2021Je suis d'accord votre analyse présentée au dernier paragraphe mais je pense qu'il ne faut pas se mettre des contraintes inutiles. Est-ce qu'une bataille pour changer le nom de l'aéroport international n'est pas aussi perdue d'avance face à Ottawa? On peut mener ces batailles jusqu'au point où le Canada dit non comme il l'a fait face à notre demande de l'impôt unique. Cela permet à plusieurs Québécois de réaliser que ce que nous voulons n'a pas d'importance ou n'est pas acceptable pour le Canada et qu'il faut s'en sortir.
François Ricard Répondre
4 mars 2021Comme en Inde, le Canada postnational éventuellement deviendra une république. Que nous aidions à cette mutation ou pas. Mais ce changement n'occasionnera aucun changement dans l'adn impérial du fédéralisme canadien.Il n'aura de république que le nom.
Les Québécois sont attachés au principe républicain de la souveraineté populaire. Une république "canadienne" pourra, pour un temps, le leurrer. Et pendant ce temps, sa minorisation se poursuit et ses forces diminuent.
Il faut donc nous battre pour le principe républicain mais en une optique strictement québécoise. Il nous faut démontrer que la seule république qui compte pour nous, c'est la nôtre.
En ce qui touche l'aéroport, le nom est sous juridiction fédérale mais cet aéroport est au Québec. Nous pouvons et nous devons crier haut et fort que nous n'acceptons plus le nom de Trudeau. Et une station du REM se trouvera à l'aéroport. Rien ne nous empêche de lui donner le nom qui nous plaira.