Les amis libéraux

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C'est la division des Africains qui a permis l'élection de Jean à la tête de l'OIF

Malgré que tous les observateurs expérimentés de la scène internationale considèrent que les jeux sont faits quant à la nomination de la prochaine secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre des relations internationales, Christine St-Pierre, continuent de soutenir la candidature de Michaëlle Jean contre la diplomate rwandaise Louise Mushikiwabo. Cet appui inconditionnel dans une cause perdue d’avance laisse perplexe en pleine campagne électorale, alors que l’intégrité des libéraux a été mise à mal à plusieurs reprises au cours des dernières années.


Les controverses autour du manque de transparence dans la gestion de l’OIF et les dépenses somptuaires de madame Jean ne semblent pas impressionner les libéraux fédéraux et provinciaux qui continuent de lui accorder leur soutien. Il s’avère délicat pour nos chefs de gouvernement de prendre leurs distances à l’égard des dépenses extravagantes de celle-ci quand eux-mêmes ne lésinent pas sur les frais dans leurs sorties internationales ou dans l’installation des ambassadeurs et délégués à l’étranger. Toutefois, nous aurions pu croire que les doutes sur la probité de la gestion de madame Jean leur donnent envie de s’en tenir loin et de jeter la serviette dans cette course dont l’issue est connue depuis plusieurs mois. Leur fidélité à madame Jean révèle plus leur turpitude que leur intelligence stratégique.


Pour un diplomate canadien avec qui j’ai eu le bonheur d’échanger, Michaëlle Jean est une personne d’exception qui jouit d’un charisme indéniable et qui aurait pu contribuer de façon magistrale à l’avancement de la francophonie. Je comprenais de nos discussions que les heures de madame Jean avaient été comptées dès le moment de sa nomination, car c’est l’absence de consensus chez les pays africains qui lui avait permis de se hisser à la tête de l’organisme et qu’il fallait s’attendre à ce que ces derniers y remédient la fois suivante. Par contre, il ne faudra pas s’attendre à voir les dépenses somptuaires s’atténuer avec madame Mushikiwabo, quand nous connaissons le penchant des chefs d’État africains pour le faste, surtout ceux qui se comportent plus en monarque qu’en président élu d’une république.


Micaëlle Jean est vivement décriée aujourd’hui, je pense entre autres au blogue vitriolique du collègue Léo-Paul Lauzon, mais tout compte fait, elle n’a pas plus profité des faveurs du système que beaucoup d’autres avant elle. Il est aisé de faire des rapprochements avec d’autres fonctions diplomatiques ou gouvernementales pour réaliser que la dépense est facile à ces niveaux. L’ex-ministre Line Beauchamp, devenue déléguée générale du Québec à Paris, a elle aussi attiré l’attention des médias ces derniers mois pour les coûts imputables à un éventuel déménagement. Nous pourrions allonger la liste des dépenses extravagantes à l’infini et nous en scandaliser des heures durant, mais le plus aberrant, c’est qu’elles continueront de se faire.


L’appui de nos premiers ministres à madame Jean choque en nous donnant la désagréable impression que nos gouvernements se foutent éperdument de nous en nous imposant l’austérité et en se gavant comme des pachas.