Les mots ne sont jamais que des mots. Ils traduisent un état d’esprit. Ils servent d’arme ou de masque, ils sont beaux ou fades, mais ils ne sont pas neutres.
Alors quand le gouvernement Couillard, sous prétexte de défendre le français dans l’affichage commercial, se contente de défendre la «présence du français», ou encore, la «présence suffisante du français», il faut se demander ce qui arrive.
En un mot, l’esprit de notre politique linguistique change. Le français ne doit plus dominer ou prédominer.
S’il vous plaît, un petit mot en français?
Nous en sommes rendus à demander qu’on ne nous oublie pas et à simplement rappeler notre présence.
Effacement
Nous demandons un accommodement pour notre langue.
La métropole s’anglicise, le franglais devient la norme au quotidien, le bonjour-hi rappelle à chacun d’entre nous que le français est optionnel dans son berceau nord-américain.
D’ailleurs, pour le 375e anniversaire de Montréal, le bilinguisme remplace le français.
Et nous avons perdu le désir de résister. Ceux qui s’entêtent à ne pas se coucher se font traiter de talibans linguistiques.
Bilingue
Imagine-t-on les Québécois jouer de la casserole comme en 2012, mais cette fois, au nom du français? Jamais.
Anecdote personnelle: dimanche, je participais à un brunch de la fête des Mères dans un charmant hôtel des Laurentides. Une salle apparemment à 98 % de «Québécois de souche», comme on dit.
Pourtant, quand le maître d’hôtel a pris la parole pour distribuer des prix de présence, il nous fait un discours en bilingue, en traduisant chacune de ses phrases du français à l’anglais.
On ne me fera pas croire que c’était pour les quelques touristes égarés. C’est plutôt le triomphe retentissant d’Elvis Gratton.
Nous avons renoncé à faire du français la langue commune du Québec. Il redevient la langue de la grosse tribu canadienne-française.
Celle d’un peuple qui préfère s’effacer plutôt que déranger.
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