Le premier ministre Jean Charest estime que la reconnaissance du Québec comme nation par la Chambre des communes sera un geste «extrêmement significatif pour l'unité du pays», un geste qui prive les souverainistes d'arguments. Mais cette reconnaissance ne conduira pas à des négociations constitutionnelles dans un avenir prévisible, a-t-il prévenu.
«C'est une démonstration que l'option souverainiste est en train de manquer d'arguments», a lancé Jean Charest au cours d'un point de presse qu'il a tenu après l'intervention du premier ministre Stephen Harper à la Chambre des communes.
Cette reconnaissance de la nation québécoise est la preuve que «le pays est capable d'évoluer», a-t-il dit. «Cela fait avancer de façon très significative la place du Québec à l'intérieur du Canada.»
«Le pays, par la voix de la Chambre des communes et du gouvernement du Canada, aura parlé clairement de qui nous sommes et ouvert la voie [...] à des vues plus saines et un lien plus fort entre le Québec et le reste du Canada», a fait valoir le premier ministre.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et les députés bloquistes ne doivent pas «rater cette occasion historique de faire avancer les intérêts du peuple québécois» et doivent voter en faveur de la motion présentée par M. Harper, les a-t-il sommés.
M. Charest a rappelé que la Cour suprême tient compte des débats en Chambre dans certains de ses jugements. Toutefois, reconnaissance ou pas, le dossier constitutionnel est tout aussi verrouillé. «Le pays n'est pas à ce moment-ci à un stade où on doit entamer une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles. Et ça arrivera à quel moment? Franchement, personne ne le sait», a-t-il réitéré.
Jean Charest a indiqué qu'il avait discuté à plusieurs reprises avec M. Harper de la reconnaissance de la nation québécoise ces derniers temps. Hier, avant même que M. Harper n'intervienne en Chambre, M. Charest avait en main le libellé de la motion.
Du côté du Parti québécois, le député de Joliette et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes, Jonathan Valois, ne semblait pas savoir sur quel pied danser. Lors d'un point de presse, il a d'abord affirmé que cette reconnaissance de la nation québécoise était «déjà un premier pas qui était somme toute important», puis il s'est demandé si c'était une évolution pour enfin dire que cela ne constitue ni un progrès ni un gain pour le Québec.
M. Valois voit dans cette reconnaissance «un déplacement sur un échiquier politique très complexe» mais voudrait bien qu'elle conduise à une ronde constitutionnelle afin que le Québec obtienne des pouvoirs concrets.
Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, a qualifié l'intervention de M. Valois de «diatribe un petit peu énigmatique». Pour sa part, il voit dans cette reconnaissance «une bonne nouvelle» mais croit que c'est aux Québécois eux-mêmes de se définir comme nation. «Je suis toujours un peu mal à l'aise de l'ampleur du débat sur la nation québécoise lorsqu'il se tient à l'extérieur du Québec», a-t-il dit. À cet égard, le chef adéquiste a accusé le gouvernement Charest de manquer de leadership en laissant le débat sur la nation québécoise se faire ailleurs.
Le Québec forme une nation dans un Canada uni
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