Publié le 30 juillet 2011 par le journal de Personne

Ce que je vais vous raconter s’apparente à une tragédie grecque.
Quand la fille vint voir sa mère pour lui dire que Prestige, Monsieur Prestige, avait tenté d’abuser d’elle…
La mère cessa brusquement de croire que la vie était belle.
- Tu dis bien « tenté d’abuser », si je ne m’abuse ? Mais que s’est passé réellement ? Seulement tenté ou complètement abusé ? Essayé ou transformé l’essai ?
La mère était dans tous ses états… elle se retenait mais elle était toute retournée.
- Il t’a peut-être semblé, Tristana, juste semblé ?
La fille était scandalisée, outrée de voir sa mère qui ne savait rien encore et qui doutait déjà…
- Je voudrais déposer plainte… lâcha la fille, pour bien montrer que son émotion n’était pas feinte…

Tristana semblait connaître davantage Prestige que sa mère qui le connaissait pourtant de près, puisqu’elle œuvrait pour la même cause et siégeait dans le même parti… quasiment sur le même siège.
Prestige n’était pas un homme comme les autres. Il constituait à lui seul, la promesse d’une aube qui sauve. La gloire était à sa portée… qui dit gloire pour lui, dit victoire pour les autres… pouvoir et conquête du pouvoir assurée.
La mère était partagée… tiraillée… contrariée…
Tout lui interdisait de donner raison à sa fille…
- Est-ce que tu vas bien au moins, lui demanda-t-elle ? Tu sais ma chérie, à ton âge, on somatise, on traumatise mais on cicatrise aussi vite… tu en verras d’autres, tu sais ?
Et la fille s’en alla raconter sa funeste aventure, et fut à chaque fois découragée de retourner le couteau dans la plaie…
Mais un jour, en pleine nuit, on découvrit Monsieur Prestige genou à terre, sur un écran de télé, retenu prisonnier pour son énième forfait… le forfait de trop, qu’il aurait pu s’épargner… mais il n’était pas dans son pouvoir de limiter son pouvoir… il est tombé, et avec lui toutes les espérances placées en lui… Ce jour-là, la mère qui en avait trop sur le cœur confia à sa fille que Monsieur Prestige n’était autre que son père… Et les deux devinrent brusquement solidaires : la première parce qu’elle avait caché la vérité et la seconde parce qu’elle n'avait pas voulu l’apprendre…
- Et lui… et lui… est-ce qu’il le savait ? demanda Tristana
Ô j’ai failli à tous mes devoirs, j’ai oublié de vous dire si cette histoire est une vraie histoire ou une histoire vraie…
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Schubert La jeune fille et la mort, 2eme mouvement par quatuoranimato
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