Dans le quartier Parc-Extension, les quelques Montréalais d'origine grecque réunis dans les cafés ont tranquillement regardé défiler les résultats préliminaires du scrutin sur le téléviseur, convaincus que les Grecs «se tiendraient debout» et répondraient massivement Non au référendum.
«Ce sera 60%-40%», a déclaré Georgios Lemontzoglou en début d'après-midi, tout en fumant une bouffée de sa cigarette sur la terrasse du resto-bar Kalavrita de la rue Ogilvy. «S'il n'y avait pas eu toute la propagande des médias, le Non aurait même obtenu 80%.»
Sur la dizaine de personnes installées sur la terrasse et qui discutaient uniquement en grec, tous les clients étaient favorables au Non. Sauf un. L'homme, assis seul dans son coin, faisait dos au téléviseur et n'a pas voulu répondre aux questions de La Presse.
Personne ici ne s'inquiétait outre mesure du risque qu'un rejet du plan d'accord des créanciers européens, c'est-à-dire le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne, n'entraîne la sortie de la Grèce de la zone euro.
«Qui sait ce qui arrive ensuite? Ce ne sera pas facile de toute façon, mais au moins, le gouvernement en place [dirigé par Alexis Tsípras, qui avait appelé les Grecs à rejeter le plan] est le seul qui essaie de faire quelque chose pour la Grèce», a affirmé Papadreou Evangelo.
Unanimement non
À quelques coins de rue du Kalavrita, au café Acropolis, on ne comptait que des partisans du Non. «Ce sont les médias grecs qui ont essayé d'instaurer la peur chez les gens», croit Georges, qui n'a pas souhaité mentionner son nom de famille.
«Les Grecs sont un peuple fier, alors ils se devaient de voter Non, dit-il. Les Québécois sont aussi un peuple fier, alors ils peuvent comprendre», a-t-il ajouté.
Selon lui, la victoire du Non renforcera la position de la Grèce à la table de négociations avec les créanciers. «Le gouvernement a reçu un mandat fort de la population et ses arguments auront plus de poids. Je suis certain qu'en 48 heures, il y aura une entente.»
Tout en jetant quelques regards au téléviseur, où la carte du pays se recouvrait d'orange, la couleur du Non, les quelques personnes accoudées au bar se sont engagées dans une discussion sur les effets négatifs de l'adhésion de la Grèce à la zone euro et à l'Union européenne. «La Grèce est considérée comme un citoyen de troisième classe», a dit un homme qui n'a pas voulu se nommer.
«L'Europe est pour l'Allemagne», a soupiré Georges.
Et à mesure que le temps filait et qu'il est devenu clair que le Non l'emporterait, certains ont troqué le café pour une bière. Lorsque La Presse est retournée au Kalavrita, le seul partisan du Oui avait disparu.
Georgios Lemontzoglou fumait tranquillement une cigarette, souriant. «Voulez-vous un verre d'ouzo?»
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