Québec, le 24 septembre 2015. Le navire de croisière « Silversea » est amarré au quai de l’Anse au Foulon, à proximité de la marina de Sillery (Yacht-club de Québec). En face, un pétrolier exécute les manœuvres d’accostage aux installations portuaires de la raffinerie Valero (Ultramar), dont la capacité de raffinage est de 265 000 barils de pétrole par jour. À l’ouest se profile la silhouette du pont de Québec que la rouille achève bientôt de précipiter dans les eaux du fleuve. Quelques kilomètres plus loin, les arrondissements de Cap Rouge et de Sainte-Foy puisent leur eau potable dans les eaux du fleuve Saint-Laurent. Pourtant, la baignade est interdite dans ce secteur depuis les années 70 surtout à cause de la pollution et non parce que les plages sont sans surveillance.
À partir des quais de l’Anse au Foulon, la rive nord du fleuve vers l’est est une suite quasi ininterrompue de quais où viennent régulièrement s’amarrer et s’approvisionner avant de repartir pour l’Arctique les brise-glace Amundsen, Des Groseillers, Radisson, Umiak…. de la garde côtière canadienne. Le navire Louis-Jolliet qui fait des excursions touristiques l’été entre l’Île d’Orléans et les ponts de Québec a son port d’attache dans ce secteur. Un peu plus loin, la traverse Québec-Lévis dessert les rives nord et sud du fleuve en coupant plusieurs fois par jour la voie de navigation des vraquiers, porte-conteneurs, pétroliers qui font la navette entre les Grands lacs et l’Atlantique. Ce transit se fait dans la partie la plus étroite du fleuve désignée par le mot amérindien Québec qui signifie « là où le fleuve se rétrécit ».
Puis, le rétrécissement du fleuve débouche sur la baie de Beauport. Les quais se prolongent du côté ouest et nord-ouest de la baie. C’est d’abord la pointe à Carcy incluant le musée naval, l’administration portuaire et le terminal des croisiéristes, ces paquebots géants qui déversent dans le Vieux-Québec des milliers de touristes durant la belle saison. Suit le bassin Louise qui abrite la Marina du Port de Québec et les quais de transbordement du Port de Québec. Après l’embouchure de la rivière Saint-Charles et la plage publique de Beauport, le fleuve reprend son cours pour se diviser en deux branches à la pointe ouest de l’Île d’Orléans (Sainte-Pétronille). Au nord, le chenal de l’île est à peu près non navigable en raison des hauts fonds. Au sud, après avoir baigné le Parc nautique Levy, la voie navigable du Saint-Laurent contourne la Pointe de Lévy et le chantier maritime de la Davie, l’un des plus vieux chantiers maritimes qui n’en finit plus de mourir et de ressusciter au gré des partis politiques au pouvoir.
Cette brève description illustre à quel point le secteur Québec Lévis est le lieu d’un intense trafic maritime et portuaire avec tous les risques que cela comporte, risques qui vont encore s’accentuer, si le projet d’agrandissement du Port de Québec et la traversée sous fluviale du projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada à Saint-Augustin-de-Desmaures se concrétisent. Déjà, le transport du pétrole de schiste de l’Alberta vers la raffinerie Valero de Lévis va s’intensifier avec la mise en service de deux pétroliers pouvant transporter chacun 350 000 barils de pétrole. (Journal de Montréal du 12 décembre 2015).
Se pose alors une question toute simple : et si l’irréparable se produisait, une catastrophe maritime qui devait se traduire par un déversement majeur d’hydrocarbures dans le fleuve…? Est-ce que le Port de Québec et les villes de Québec et de Lévis ont les ressources humaines et matérielles suffisantes pour y faire face ? Existe-t-il un plan d’intervention d’urgence pour pallier à une telle éventualité ? Ce plan est-il connu du grand public ? La navigation sera-t-elle interrompue le temps de nettoyer les lieux ? Quels seront les coûts de décontamination et qui va les assumer ?
Comment peut-on envisager un seul instant la pointe ouest de l’île d’Orléans, les marinas, le cap Diamant, la ville de Québec, ville touristique de réputation internationale, baignés dans des hydrocarbures ? Ce serait une immense, une irréparable catastrophe pour une ville inscrite par l’UNESCO au patrimoine mondial en 1985.
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