Gilles Duceppe va nier. Il va réitérer son amitié envers le chef du Parti québécois. Mais à moins de fermer définitivement la porte à une candidature au PQ, il ne parviendra pas à convaincre les partisans d'André Boisclair : ils sont convaincus que les amis de M. Duceppe, son chef de cabinet François Leblanc en tête, sont en campagne pour faire sa promotion à la direction du PQ.
Ce n'est pas la première fois que les médias font état de l'intérêt du chef bloquiste à la direction du Parti québécois. Mais la porte ne s'est jamais ouverte pour sa venue à Québec.
Le problème, c'est que le Bloc québécois est devenu une sorte de corps étranger au Parti québécois. C'est un autre parti politique, et surtout, une autre gang, basée au parlement fédéral.
Il faut avoir vécu à Ottawa pour constater avec quelle rapidité les Québécois travaillant sur la colline parlementaire perdent contact avec ce qui se passe à l'Assemblée nationale. Après 14 ans à Ottawa (17 dans le cas de Gilles Duceppe), les bloquistes n'ont parfois que la souveraineté en commun avec les élus du PQ. Et même là, Gilles Duceppe a souvent pris ses distances avec les stratégies référendaires des péquistes. Les bloquistes ont pris goût à la politique fédérale, ils ont acquis beaucoup d'expérience sur des sujets passionnants comme les affaires étrangères, les finances ou l'environnement. Certains, comme Michel Gauthier, se sont établis définitivement du côté québécois de la rivière des Outaouais.
Ce n'est donc pas une surprise que personne au PQ ne se soit précipité pour inviter Gilles Duceppe à Québec quand Bernard Landry a quitté la direction du PQ. Les députés ont été unanimes à déclarer que M. Duceppe faisait "un bon travail à Ottawa" et surtout, qu'il devait y rester. En fait, un seul député aurait fait une démarche auprès de M. Duceppe. Le leader du Bloc aurait alors été très déçu de cette indifférence.
La controverse actuelle autour du leadership d'André Boisclair a ravivé cette question. Au cours de la dernière campagne électorale, la garde rapprochée de M. Boisclair a reproché à certains militants du Bloc de s'être approprié certaines circonscriptions, dont Montmorency, où on voulait présenter l'avocate Françoise Mercure. Elle visait notamment Daniel Leblond, un permanent du Bloc, qu'elle accusait d'avoir bâti ses appuis et vendu des cartes de membre du PQ pendant son travail au Bloc. M. Leblond a obtenu l'investiture, mais il a été défait. Il a depuis repris son travail pour le Bloc, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cette affaire illustre un peu la méfiance qu'éprouvent la direction et certains députés du PQ à l'endroit de Gilles Duceppe. Son arrivée à la tête de leur parti signifierait la mainmise du grand frère fédéral sur le parti de René Lévesque. M. Duceppe amènerait son entourage immédiat à Québec, il inviterait probablement ses parlementaires les plus efficaces à le suivre ici. On le dit autoritaire, et plus versé dans les courants de pensée de la gauche montréalaise que dans les préoccupations quotidiennes du Québec des régions.
Gilles Duceppe n'aura donc pas le choix que de nier, encore une fois, son intérêt pour la direction du Parti. Mais ses adjoints continueront le travail, persuadés qu'André Boisclair ne résistera pas très longtemps aux sautes d'humeur de ses critiques. Mais attention ! On dit aussi qu'à moins d'un couronnement comme ceux réservés à Lucien Bouchard et à Bernard Landry, M. Duceppe ne fera pas le saut à l'Assemblée nationale.
Ses partisans ont beau s'activer, ils trouveront bien des embûches sur leur chemin. Le couronnement souhaité n'est pas acquis.
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