Contrairement à l’esprit de la Constitution et à la pratique du début de la Ve République qui a prescrit de prendre appui sur une majorité et sur une opposition, les partis politiques ont confisqué le pouvoir démocratique au profit de la victoire d’un camp sur l’autre et au détriment de l’intérêt national de la France.
Heureusement, « on peut tromper quelques personnes quelque temps mais pas tout le monde tout le temps ». Les Français ont bien compris la trahison des clans de droite ou de gauche et ils ont retiré leur confiance à ces factions, compte tenu de leurs résultats pitoyables. Il est même regrettable mais significatif de constater qu’à près de 70 %, les électeurs se réfugient dans l’abstention plutôt que de choisir l’imposture.
L’alternative recherchée consiste à reconstruire des majorités cohérentes de gouvernement, au lieu de continuer à entretenir la complicité des partis dans la perspective de leur survie lors du deuxième tour de 2017. Désormais, les Français doivent comprendre que les partis politiques ne sont plus chargés d’imposer la règle du jeu favorable à leurs petits arrangements. C’est au peuple souverain qu’il appartient à nouveau de fixer les voies de retour à l’esprit de la Ve République.
À cet effet, les personnalités et les formations nouvelles qui veulent mériter la confiance des Français par-delà les partis politiques doivent proposer un nouveau comportement civique.
Les électeurs doivent être invités à s’engager à réserver leur voix aux candidats qui accepteront la « charte républicaine » exigée par le peuple souverain.
Une telle proposition doit comporter d’abord le rappel des vertus indispensables à la chose publique : d’une part la moralité qui traduit une loi naturelle de base, c’est-à-dire l’exemplarité personnelle, familiale et professionnelle des candidats, dans le respect de soi, des autres, de la loi ; d’autre part l’humilité, traduite dans la modestie des signes extérieurs du pouvoir (notamment réserver les moyens publics aux stricts besoins de la mission officielle). Les élus du peuple doivent se tenir prêts à être jugés sur leurs actes et à démissionner à la moindre défaillance.
Ensuite, cette charte républicaine doit préparer la constitution d’un gouvernement d’union nationale, composé de 10 à 15 personnalités irréprochables, provenant de tous les horizons, ayant rompu les liens avec les partis politiques, consentant à se consacrer exclusivement à l’intérêt national pour une durée limitée de cinq ans, en vue de sortir la nation de la profonde crise qui menace sa survie.
C’est à ce prix que les candidats au service de la nation pourraient mériter la confiance des citoyens, s’ils proclamaient préalablement leur volonté de respecter la charte républicaine.
En décidant une telle sélection, les Français seraient appelés en même temps à choisir un programme de moyen et long terme, portant sur les réformes prioritaires, assorties du recours au référendum.
Il apparaît donc que l’alternative n’est plus dans le choix malsain entre la droite et la gauche, mais dans le contrat indispensable de l’union nationale, préservant l’esprit de la Ve République et les valeurs de la France.
L’issue de secours
«L’alternative n’est plus dans le choix malsain entre la droite et la gauche, mais dans le contrat indispensable de l’union nationale»
Paul Bernard6 articles
Professeur de sociologie à l'Université de Montréal et au Centre Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé
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