Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre le soutien inconditionnel apporté à Marine Le Pen par la base militante du Front national et celui dont jouissait Donald Trump chez les partisans du Tea party. Malgré les mensonges, l’absence de transparence et les enquêtes policières dont ils font l’objet, leurs partisans ne désarment pas et les suivent aveuglément.

François Filion a vu son étoile pâlir considérablement après les révélations du Canard enchainé sur les emplois octroyés aux gens de son entourage, en l’occurrence sa femme et ses fils. Hilary Clinton a hérité d’un croc-en-jambe du FBI, à quelques jours du scrutin, avec une lettre expédiée aux membres du Congrès alléguant que l’enquête sur ses courriels reprenait. Ladite enquête s’éteignit aussi rapidement qu’elle avait été ravivée avec une décision de ne requérir aucune poursuite contre l’ex-première dame, mais les dégâts causés furent irréparables.

Je ne sais si c’est le désespoir ou la faiblesse intellectuelle qui explique le déni des partisans des Le Pen et Trump relativement à leurs frasques ou à leurs gestes scandaleux, mais les leaders plus modérés ne jouissent pas d’autant de clémence dans leurs rangs. C’est toutefois bien ainsi pour éviter de sombrer dans le totalitarisme de droite ou de gauche. En effet, l’aveuglément des extrémistes n’est pas exclusif à un seul bout du spectre politique et le déni des partisans d’extrême gauche à l’égard des travers de leurs leaders est tout aussi navrant en débouchant sur des dictatures qui répriment toutes critiques.

J’ose espérer que l’exemple américain fera réfléchir les citoyens des pays occidentaux sur les dangers d’un vote dicté par le cynisme à l’égard de l’élite politique et inspiré par un besoin irrépressible de changement. Cela peut soulager de montrer la porte à ceux qui nous exaspèrent et de nous inscrire dans le mantra « il faut du changement » en croyant élire un rédempteur. Cependant, la jouissance peut être de courte durée lorsque le changement empire les conditions de vie de la majorité des citoyens.

Est-ce que les élections françaises renverseront la tendance observée, ces derniers mois, en intronisant un président plus rassembleur et démocratique au lieu de laisser place à une dame qui s’inscrit dans la foulée des chefs d’État autoritaires élus en Turquie, en Russie, aux Philippines et aux États Unis? Ces sociétés ne s’en portent pas mieux après avoir crû au discours qu’il fallait remettre de l’ordre, car la corruption et les privilèges de castes y fleurissent plus que jamais. Le rapprochement au centre des Bayrou et Macron laisse entrevoir un retour à la raison et un gouvernement qui sera celui d’un plus grand nombre de Français.

Les politiciens ne sont pas des dieux, c’est pourquoi il faut s’abstenir de leur vouer une dévotion qui laisserait croire qu’ils sont infaillibles, car ils pourraient nous entrainer à les suivre dans leurs pires bêtises.