Ma réponse au texte de Francine Pelletier publié dans Le Devoir ce matin...
L'inimitié qu'entretient Francine Pelletier envers le Parti québécois est connue depuis longtemps; c'est son droit le plus strict. Cependant, dans son texte de ce matin dans Le Devoir, de prétérition en litote, elle suggère plus que n'argumente, elle affirme une chose et son contraire...
Suggérer que la course à la chefferie, au terme de huit mois de rencontres individuelles des candidats avec les citoyens (chacun a parcouru plus de 5000 km pour sillonner le Québec, les régions, son vaste territoire), de débats officiels et impromptus, de rédaction de programmes fort différents les uns des autres, de face-à-face informels comme celui que nous avons tenu dans notre région, à Ripon (qui sait c'est où Ripon!?) entre Martine Ouellet et Bernard Drainville durant lequel les candidats se sont prêtés à l'exercice de questions sur tous les sujets importants pour cette collectivité locale (2 heures de discussion entre des ex-ministres et une salle bondée au possible un soir de match des Canadiens, un antidote au cynisme)...
De prétendre qu'au terme de tout cela, l'élection de Pierre Karl Péladeau est « le triomphe de la non-pensée », c'est l'expression de la plus pure mauvaise foi de la part de quelqu'un qui, de toute façon, aurait condamné le choix du PQ quel qu'il soit. C'est le propre des adversaires politiques après tout. Si on veut savoir ce que la « non-pensée » peut produire, la gouvernance Couillard en est l'expression la plus sinistre. Élu sans programme politique, autre que « pas-de-charte, pas-de-référendum », et nous voyons le résultat aujourd'hui... Dans ce contexte, l'interminable course à la chefferie du Parti québécois, toutes les discussions sur la gouvernance, sur les enjeux sociaux, voilà bien l'inverse de la non-pensée en cette époque de gouvernance libérale déclinée à coup de mensonges.
Reprocher au PQ d'avoir prôné l'attentisme (ce qui est vrai et déplorable à mon sens, je suis d'accord avec Francine Pelletier ici) au nom d'un lointain article 1, mais du même souffle insinuer que PKP serait l'héritier de ce travers passé, voilà qui est pernicieux. Je doute beaucoup que Péladeau soit en politique pour les vingt prochaines années. Pour peu qu'on se soit donné la peine d'écouter ce qu'il avait à dire sur l'indépendance, le placer au rang des « branleux » de la gouvernance souverainiste serait une erreur. Il ne dévoile pas ses intentions sur la minute exacte du référendum? Cela en agace quelques-uns? Aurait-il appris des erreurs du passé? Quand les unionistes du Royaume-Uni ont voulu piéger sur cette question Nicola Sturgeon, chef du SNP de l'Écosse, stoïque, elle a répondu que cette prérogative serait toujours la décision propre et légitime du peuple écossais. Fin de la discussion. Pourquoi dévoiler sa stratégie à l'adversaire! Pour laisser le Canada nous pondre un « Commandites #2 »??
Francine Pelletier tient pour acquis, et c'est là le plus désolant de son « non-argumentaire », que le PQ ne peut à la fois prôner l'indépendance et l'avancement social, comme si l'ensemble de la députation péquiste était un magma stérile incapable de pensée complexe... Cette manie de quelques « pseudo-intellectuels » de réduire le mouvement indépendantiste à la pensée unicellulaire commence à me taper royalement sur les nerfs. L'État que déconstruit en ce moment le Parti libéral de façon illégitime, les mesures qui ont tant fait pour l'avancement des femmes (dois-je rappeler à quel point les CPE, le congé parental, la délocalisation des pôles de vote par le PL12, etc.) et des régions, les leviers économiques à la base de notre capacité d'autodétermination (et qui permettent une société plus juste), tout ça est issu de la gouvernance péquiste.
Francine Pelletier s'offusque que des indépendantistes comme Falardeau ait pu s'impatienter devant l'opposition stérile de « Mère Thérésa David » depuis 40 ans, des décennies à dire non à tout, à l'indépendance, à la loi 101, toujours en train de s'acharner à trouver le moyen de s'opposer pour s'opposer en sachant que cela profite toujours aux mêmes...
En terminant, s'il est une chose, une seule, qui me plait bien avec l'élection de PKP (j'ai appuyé Martine Ouellet, dois-je le rappeler), c'est le retour du militantisme indépendantiste décomplexé. Finie l'époque des faux-fuyants. Et n'en déplaise à ces intellectuels de la gauche bien pensante, toujours anti-PQ de toute façon, ce pays à naître doit être défendu par des gens de toutes inclinaisons politiques. À eux deux, Cloutier et Ouellet ont récolté plus de 40% des voix. Comme militant qui porte à gauche moi-même, je ne m'y sens pas marginalisé du tout.
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