Le Huffington Post Canada citait récemment un sondage – un autre! — selon lequel les Canadiens seraient mieux dans leur pays sans le Québec.
On en a parlé un peu parce que cela a généré momentanément une image rabaissant le Québec (un drapeau fleurdelisé assorti d’un pouce vers le bas!) dès que quelqu’un tapait le mot Québec sur Google dans le monde.
Vieille québécophobie
Cela rappelle que la québécophobie et la francophobie sont pratiquement aussi vieilles que le Canada lui-même, remontant à la Conquête de 1763. Il y a eu bien sûr des hauts et des bas dans la relation Canada-Québec. Le dernier haut remonte aux années 60, quand le Canada anglais découvrait avec sympathie le Québec de la Révolution tranquille, la lune de miel culminant avec EXPO 67 à Montréal, à la fois succès québécois et canadien.
Cela changea avec les tentatives avortées de faire l’indépendance, qui braquèrent le reste du pays contre des Québécois devenus menaçants. Pour faire croire ensuite que, grands parleurs, mais petits faiseurs, nous resterions quoiqu’il arrive.
On nous prend maintenant pour acquis à ce point que plusieurs se bercent de l’illusion que le pays pourrait se passer de nous, tout en ne se gênant pour rabaisser régulièrement la Belle Province.
En fait, une certaine québécophobie tranquille est l’un des seuls exécutoires d’un Canada anglais ouvert à toutes les différences identitaires de la galaxie.
Réalisme nécessaire
L’indépendance nécessiterait des dirigeants souverainistes réalistes à l’égard de ce phénomène, beaucoup de Canadiens refusant une souveraineté québécoise même décidée démocratiquement.
C’est que le pays ne pourrait perdre la province où il est né il y a quatre cents ans sans craindre pour sa survie même, ne serait-ce que pour des motifs géographiques. Les pays séparés en deux, comme le Canada le serait après le départ du Québec, ont en général une espérance de vie courte.
Ce n’est pas un hasard par ailleurs si la devise du pays est «D’un océan à l’autre». L’identité «canadian» comporte une composante territoriale émotive, le «mappism». À l’égard de son territoire québécois d’origine conquis, le Canada garde un comportement de propriétaire.
C’est dans ce contexte historique et géopolitique que se situe l’arrivée probable de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois.
Le succès du député de Saint-Jérôme auprès des souverainistes s’explique par le fait qu’il incarne la volonté ferme de faire l’indépendance par quelqu’un de crédible économiquement.
L’envers de cela est que, plus M. Péladeau deviendra crédible pour le Canada anglais, plus ce dernier sortira de sa molle condescendance à l’égard de Québécois semblant à nouveau menacer sa survie.
Il faut donc souhaiter que M. Péladeau échoue ou réussisse rapidement dans son aventure, si on ne veut pas que la québécophobie et la francophobie existant dans le reste du pays atteignent de nouveaux sommets à l’égard d’un Québec faisant toujours partie du Canada.
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