L'humiliante défaite de la candidate adéquiste Catherine Goyer dans Sainte-Marie-Saint-Jacques confirme l'effritement de l'influence du parti de Mario Dumont dans l'arène politique québécoise. Cette glissade, amorcée quelques mois avant les élections générales de 2003, ne semble pas vouloir s'arrêter, si l'on en croit les sondages ainsi que les derniers résultats des élections partielles.
Évidemment, le maigre score de 2 % obtenu par Mme Goyer était prévisible dans un quartier populaire où le parti Québec solidaire se surpasse à la manière de l'Union des forces progressistes (UFP) dans le Plateau Mont-Royal. Les idées de la gauche séduisent ce type d'électorat urbain, ce n'est rien de bien nouveau. Aux yeux d'une clientèle syndicaliste, écologiste, altermondialiste et souverainiste, on ne saurait s'étonner que l'ADQ fasse office de secte satanique ultra-capitaliste.
Est-ce à dire qu'un positionnement de droite sur l'échiquier politique québécois est automatiquement voué à l'échec ? Depuis le manifeste Pour un Québec lucide, nombre de citoyens rejettent ouvertement la pensée unique nationaliste et socialisante des éteignoirs au développement, dont l'allégeance au Saint-Modèle québécois semble de plus en plus dépassée. Récemment, la victoire de Stephen Harper et sa percée historique en terre bloquiste nous rappelle qu'il y a un public pour la nouvelle droite, même au Québec. Mais encore faut-il s'en réclamer.
L'ADQ a déjà prôné le taux d'imposition unique. Il a été le premier à suggérer de rembourser la dette et d'ouvrir la porte au privé en santé. À défaut de rallier un large appui populaire, l'équipe de Mario Dumont a le mérite d'avoir initié des débats difficiles que les vieux partis n'avaient pas le courage d'aborder franchement.
Cependant, à la suite de multiples volte-face idéologiques, l'ADQ refuse aujourd'hui l'étiquette politique de droite et tente continuellement de jouer sur tous les fronts.
Les enjeux soulevés par Catherine Goyer au cours de la dernière partielle ressemblaient d'ailleurs à un "copié-collé" des préoccupations de ses adversaires naturels : précarité de l'hébergement, accessibilité aux soins de santé, endettement étudiant, insertion et équité dans le marché du travail, soutien aux jeunes familles... Françoise David, sort de ce corps !
Le parti doit revenir à sa base
Alors que plusieurs se demandent sur quel pied dansent les adéquistes, et surtout, ce que leur réserve l'avenir, certains fédéralistes tentent de ramener sur la table une possible fusion avec le Parti libéral.
Il serait à la fois surprenant et désolant que l'ADQ s'associe à Jean Charest et à sa curieuse réingénerie en forme de hausse de tarifs. L'augmentation du fardeau fiscal de la classe moyenne au Québec se positionne à l'encontre des valeurs profondes des adéquistes, qui plaident depuis 10 ans pour une administration plus saine des finances publiques et en faveur d'une responsabilisation accrue des individus comme de nos dirigeants.
Afin de survivre et de rebondir, il semble plus pertinent pour l'ADQ de revenir à sa base idéologique et d'assumer pleinement ses racines économiques de droite.
Un électorat grandissant cherche une alternative à la morosité politique ambiante, et pourrait faire de nouveau confiance à Mario Dumont s'il marchait de manière plus affirmée dans les traces de Stephen Harper. Pour y arriver, le parti doit redevenir le forum d'idées qu'il incarnait il y a de cela à peine trois ans et prendre le risque de ne pas plaire à tout le monde. En un mot : sortir du placard.
L'ADQ doit assumer ses racines de droite
Par Stéphanie Kennan
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