Il y a, certes, la guerre qui menace d’éclater entre les USA et l’Iran. Mais il y a surtout celle en cours à la Maison-Blanche, entre Donald Trump et une partie de son entourage, celle que lui mènent le secrétaire d’État Mike Pompeo et John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale, chefs de file des « faucons ».
Ainsi, et à en croire le Wall Street Journal, le président américain aurait confié à un proche : « Ces gens veulent nous entraîner dans une guerre, et c’est répugnant. Nous n’avons pas besoin d’autres guerres. » Il est vrai que c’est, en grande partie, sur une ligne « isolationniste » que le fantasque homme d’affaires a été élu ; tel, d’ailleurs, l’un de ses prédécesseurs, George W. Bush, avant que ce dernier n’opte, attentats du 11 septembre 2001 obligent, pour une politique inverse, alors poussé par ce clan néoconservateur dont Pompeo et Bolton sont les actuels représentants.
Pour contrer cette influence belliciste, Donald Trump peut encore s’appuyer sur un Pentagone pas tout à fait partant pour une énième équipée guerrière au sort plus qu’incertain. Du coup, la politique américaine paraît devenir chaque jour plus chaotique. En début de semaine dernière, Donald Trump évoque une possible « guerre courte » contre l’Iran, avant de se raviser peu après, assurant qu’il n’est « pas pressé », avant d’ajouter : « Espérons que cela va finir par s’arranger. Si cela se résout, tant mieux ; sinon, vous en entendrez parler. » D’ailleurs, si guerre il y avait, le même affirme qu’il n’y aurait pas d’envoi de troupes au sol. Donc, pas de véritable guerre : l’Iran n’est ni la Serbie et encore moins l’Irak, tandis que la défense antiaérienne perse a largement démontré son efficacité opérationnelle en abattant un drone à 130 millions de dollars, joyau de sa catégorie et jusque-là donné pour invulnérable.
Pour calmer les « faucons », restent alors les sanctions internationales ; c’est-à-dire américaines, et dont Washington affirme à Téhéran qu’elles seront plus encore renforcées. Le problème, c’est que ces sanctions peuvent faire du mal à un peuple, mais n’ont jamais fait tomber le moindre régime ; autrement, Cuba serait depuis longtemps redevenu le casino pour Américains en goguette qu’il était jadis. De plus, il n’est pas illicite de se demander au nom de quoi certaines nations, se jugeant supérieures par essence et nature, seraient en droit d’imposer lois et férule à des pays dont le seul tort est de ne pas complaire aux exigences d’une communauté nationale autoproclamée.
Pour incohérente qu’elle puisse paraître, la politique de Donald Trump a, pour le moment, le mérite de repousser, à de plus lointaines calendes, une guerre susceptible d’embraser la région entière. Il n’est même pas improbable qu’Israël puisse l’avoir discrètement félicité en coulisses. Bref, ce que cet homme ne comprend pas de prime abord, les subtilités de la politique étrangère – son ignorance en matière serait plutôt de nature encyclopédique –, au moins les perçoit-il d’instinct, tel l’homme d’affaires qu’il na jamais cessé d’être.
Côté iranien, le message semble être plus ou moins passé. Non sans raison, l’ayatollah Khameyni affirme sur Tweeter : « La gracieuse nation iranienne a été accusée et insultée par le régime le plus vicieux du monde, les États-Unis, source de guerres, de conflits et de pillages. Les Iraniens ont été lésés par des sanctions oppressives, mais ne sont pas affaiblis et restent puissants. » Après « Twist à Saint-Tropez », c’est « Tweet à Téhéran », sachant que les Iraniens, pas tout à fait nés de la dernière pluie en matière de nouvelles technologies, tweetent aussi…
Dans la foulée, le même Ayatollah Khameyni ne refuserait pas des négociations directes avec Donald Trump. Lequel ne serait pas fondamentalement contre non plus. Entre guerre froide et paix armée, une issue raisonnable n’est donc pas forcément à exclure.
Le pétulant magnat de l’immobilier n’est donc manifestement pas le crétin que nous dépeignent les médias dominants. Tout comme les Iraniens ne sont pas forcément les brutes et nigauds dépeints par les mêmes médias. La nation perse affiche quelques millénaires d’histoire au compteur et l’invention du jeu d’échecs. Ce n’est pas rien. Même si, de leur côté, les Américains ont aussi inventé le poker…