La Cour suprême slovaque a décidé lundi de ne pas interdire le parti d’extrême droite LSNS de Marian Kotleba, repoussant une demande du procureur général en ce sens.
« La proposition (d’interdiction) présentée par le procureur général Jaromir Ciznar n’était pas suffisamment étayée et, aux yeux de la Cour, il n’y avait pas de preuves suffisantes pour interdire le parti LSNS », a dit Jana Zemkova, la présidente d’une chambre de la Cour suprême, en citant sa décision.
Marian Kotleba a immédiatement réagi, félicitant les juges pour « leur courage personnel ».
« Nous étions conscients du fait que notre parti n’avait jamais violé aucune loi et que nous n’avions pas mis en danger la démocratie en Slovaquie », a-t-il dit aux journalistes. « Après aujourd’hui, il n’y a aucune raison d’avoir peur de voter pour notre parti ».
Le LSNS (Parti Populaire - Notre Slovaquie, opposition), qui avait axé sa campagne sur le refus d’accueillir des migrants en Slovaquie, a pour la première fois, en mars 2016, obtenu des sièges au parlement.
Il dispose actuellement de 13 députés dans une chambre qui en compte au total 150.
Avant l’annonce de la décision de la Cour, le ministre de la Justice Gabor Gal avait qualifié lundi matin cette formation de « fasciste ».
« Le LSNS est un parti fasciste. Il n’y a pas de place pour le fascisme en Slovaquie », avait dit M. Gal à l’AFP.
De son côté, le président du Comité Helsinki des Droits de l’Homme, Kalman Petocz, ne s’est pas déclaré surpris par la décision de la Cour suprême, ajoutant que celle-ci « n’avait peut-être pas voulu interférer avec les prochaines élections au Parlement européen ».
Bien qu’il soit eurosceptique, le LSNS présente des candidats à ce scrutin.
Pour M. Petocz, « il y a tant de propos antisémites, homophobes et contre les Roms tenus par des hommes politiques en général, que plusieurs partis politiques pourraient être interdits pour cette raison ».
« Nous devons combattre les extrémistes au niveau politique plutôt que judiciaire », a-t-il estimé.
Le leader du LSNS, Marian Kotleba, 42 ans, un ancien gouverneur régional de Banska Bystrica (centre), est connu pour avoir conduit des marches avec des membres de son parti portant des uniformes néonazis. Il a été accusé de discours de haine, sans jamais être condamné.
Cet ancien professeur de lycée, arborant une moustache, est nostalgique du régime du prélat Jozef Tiso, qui était allié à l’Allemagne nazie.
Il s’est présenté à la présidentielle en mars dernier, obtenant 10,4% des voix.