Étrange campagne électorale, pleine de retournements, où chacun des trois partis, à un moment, s’est cru en position de gagner.
Face-à-face
Depuis le Face-à-Face TVA, François Legault a repris son élan, alors qu’il était en difficulté. Il a repris le contrôle de sa campagne en redevenant maître de son discours sur la question identitaire, alors qu’il s’était laissé peinturer dans le coin depuis quelques jours.
Il est même redevenu offensif en confrontant directement Philippe Couillard et en le traitant à peu près de sermonneur compulsif n’en finissant plus de regarder de haut les Québécois, comme si, laissés à eux-mêmes, ils étaient dangereux. Les Québécois veulent baisser les seuils d’immigration, contenir les accommodements raisonnables, proclamer une Charte de la laïcité et, surtout, ils veulent sortir du multiculturalisme.
François Legault n’a pas une maîtrise fine de ces dossiers, c’est le moins qu’on puisse dire. Souvent, il trébuche. En fait, il se fait à lui-même ses propres jambettes. Sa campagne a failli virer à la déroute non pas parce qu’il parlait de manière critique de l’immigration, comme ont voulu le faire croire certains commentateurs allergiques à la question identitaire, mais parce qu’il faisait preuve d’un amateurisme de classe mondiale. Il était à deux doigts du désastre.
Legault
Mais jeudi soir, il semblait sincère et capable d’incarner le simple bon sens devant l’idéologie officielle qui ne cesse d’expliquer aux Québécois francophones qu’ils sont de trop chez eux. Si jamais, comme la tendance le suggère, la CAQ remplace le PQ comme principal parti nationaliste, c’est en bonne partie parce qu’elle aura su incarner de manière plus vigoureuse la question identitaire.
Et si la question identitaire est payante, ce n’est pas parce qu’elle permet de flatter les bas instincts de l’électorat, mais parce qu’à travers elle, les Québécois rappellent qu’ils sont un peuple et veulent être traités comme tel.