C’est rendu quelque chose comme un running gag comme disent nos concitoyens anglophones. Quand un énième député libéral annonce qu’il ne se représentera pas... « C’est pas une démission ça! » ou « À quand les chroniques dévastatrices sur le leadership du chef! »
Au début de cette année électorale, certains députés du Parti québécois n’ont pas attendu très longtemps afin de faire connaître leurs intentions. Alexandre Cloutier, François Gendron, Nicole Léger.
Et tous dans un espace temps assez rapproché.
C’était l’après temps des Fêtes, l’actualité politique n’étant pas des plus foisonnantes. Faut croire que certains commentateurs et autres acteurs de la scène médiatique politique étaient en camp d’entrainement.
Parce que ça ne volait pas haut.
Ou parce que c’était le PQ. Ce parti qu’on traite, dans certains médias, comme le deuxième, voire le troisième gardien lors de la période d’échauffement. Celui de qui tu te sacres complètement de lui envoyer une rondelle à la hauteur des oreilles avant la game; celui à qui tu ne vas jamais t’excuser quand ça arrive.
C’est, pour ainsi dire, permis. Tu peux même en rigoler un peu.
Ça doit être ça. C’est surement ce qui s’est passé quand un titreur de La Pressea poussé fort le café (ou la mauvaise foi crasse) le 16 janvier dernier en auréolant un texte du journaliste Martin Croteau (qui lui traite de départ) de la manchette suivante :
« Démissions au PQ: le leadership de Lisée «absolument pas» en cause, dit un député »
C’était suite au départ presque simultané de Léger et Cloutier. Le problème c’est qu’aucun n’avait démissionné, les deux députés ayant insisté sur le fait qu’ils termineraient leur mandat.
Une grosse manchette fausse. Et tiens? Elle vise le Parti québécois. Dans La Presse. Quelle surprise.
La semaine qui a suivi les départs de Cloutier et Léger a été particulièrement pénible pour Jean-François Lisée qui a dû affronter un barrage de chroniques et de textes d’opinion dévastateurs quant à son leadership.
Pourtant, quiconque suit la politique québécoise savait très bien que des départs, il y en aurait beaucoup d’autres à venir. Rien de plus normal à 10 mois des élections. Mais on les connaît, toujours les mêmes, ils s’en sont donnés à cœur joie.
Comme un running gag, désormais, quand un autre député libéral annonce sa « démission », les commentaires cyniques affluent sur les réseaux sociaux. Comme ce tweet rigolo de compte satyrique La Pravda :
Un 8e député du PLQ qui quitte le navire. On a hâte de lire les 47365 chroniques annonçant que le PLQ est mort et que le fédéralisme n'intéresse plus les Québécois... http://www.journaldemontreal.com/2018/03/18/raymond-bernier-quitte-la-politique-provinciale …
Ou encore, on attend que le titreur de La Presse l’échappe de nouveau. On se demande, en rigolant, « après combien de départs La Presse va parler de démissions dans le cas du Parti libéral!? »
C’est une blague. Le titreur de La Presse ne l’échappera pas sur le Parti libéral. Comme t’es bien mieux de ne pas en échapper une dans le coin des oreilles de Carey Price pendant la période d’échauffement. Et si ça arrive, tu te le fais dire vite en maudit.
Si certains députés du PQ se sont indignés que l’on traite ainsi, faussement, le départ de leurs collègues comme des « démissions », la palme de la réaction la plus digne revient à Pascal Bérubé.
En réaction à l’annonce du départ de deux de ses collègues libéraux de la région de l’Estrie à l’Assemblée nationale, le député péquiste de Matane a réagi ainsi :
Député Pascal Bérubé✔@PascalBerube
Il faut saluer dignement les députés qui décident de ne pas solliciter un autre mandat l'automne prochain. Je souhaite aux deux députés libéraux de l'Estrie qui sont dans cette situation qu'on retienne leur engagement et qu'on ne titre pas qu'ils démissionnent... #Assnat #PolQc
Tant qu’à faire des jokes plates...
Faque on pourrait peut-être se faire un pool? Ça va prendre combien de « démissions » au PLQ avant que les médias qui ont remis en question le leadership de Lisée en fasse de même pour celui de Philippe Couillard?
12? 15? 35? Arrête de niaiser, ça n’arrivera jamais!
À moins que l’on gage sur celui qui réussira à pondre le texte le plus similaire à l’édito que publiera La Presse du 29 septembre 2018? Je pense qu’ils ont joué à ça chez Groupes Capitales Médias en 2014 parce que tous les éditos étaient presque pareils!