« OK boomer ». C’est la nouvelle insulte à la mode chez les millénariaux, lorsqu’ils veulent fermer le clapet de leurs aînés. C’est une manière de dire : on t’a assez entendu, tais-toi maintenant.
Ceux qui ont un peu de mémoire historique souriront peut-être en entendant cela. Est-ce que les boomers n’ont pas fait de même au moment d’entrer dans la vie adulte, il y a de cela quelques décennies ? Ne subissent-ils pas eux-mêmes le sort qu’ils ont réservé à leurs aînés ?
Rejet
Il y a du vrai là-dedans. Mais ne nous laissons pas bluffer. Si à chaque époque, la nouvelle génération se montre toujours insolente en plus de se croire la meilleure et la plus maline de tous les temps, on ne devrait pas relativiser la violence symbolique du rejet actuel. Car à travers cette posture, c’est toute une civilisation qui est rejetée.
On traite de plus en plus les boomers comme des déchets historiques. Ils n’auraient rien compris à la crise climatique, à l’identité, à l’immigration, à la diversité sexuelle, à la nécessité d’être éveillé (woke) devant les nouvelles injustices et les discriminations. Il serait temps qu’ils prennent leur trou.
Mais derrière ce violent réquisitoire, la jeunesse branchée rejette en fait une civilisation, qu’elle assimile au racisme, au sexisme et à différentes phobies. C’est ce que l’historien Michel de Jaeghere appelle la haine des pères. Elle alimente le mépris de notre identité collective.
Mépris
Les boomers, malgré leurs défauts, se sont battus pour un Québec libre, français et socialement plus juste. Peut-être se rendent-ils même compte, aujourd’hui, qu’ils ont trop rejeté en arrivant à l’âge adulte. Un peuple a besoin de continuité. On aurait tort, à tout le moins, de les congédier en bloc.
Plusieurs de leurs combats méritent d’être poursuivis et menés à terme. Ils ne méritent aucunement de se faire noyer dans un fleuve de mépris.