À trois mois de la conférence de Paris sur les changements climatiques, alors que la communauté internationale réclame un virage vers des énergies faibles en carbone afin d’éviter les catastrophes liées au réchauffement de la planète, nos élus provinciaux engagent des millions de dollars de fonds publics pour enfoncer le Québec dans une nouvelle dépendance au gaz .
Peut-être à cause de l’adjectif «naturel» qui lui est accolé, il est de bon ton dans les milieux d’affaires de présenter le gaz liquéfié comme une énergie propre et bon marché qui permettrait d’effectuer la transition vers les énergies faibles en carbone. Mais la réalité est tout autre. L’extraction du gaz pose de nombreux problèmes environnementaux, notamment liés à la gestion des boues de forage, l’accès à l’eau potable et sa contamination. Sans compter les infrastructures de transport par oléoduc et par méthanier sur le fleuve qui présentent un risque permanent pour les écosystèmes. À cela s’ajoutent évidemment les émissions de gaz à effet de serre. Dans le cas des forages par fracturation hydraulique, les émissions furtives de méthane rendent cette filière énergétique autant, sinon plus polluante que le charbon .
Le Québec a été un leader mondial de l’énergie propre. Les grandes industries, comme les alumineries, fonctionnent chez nous à l’hydro-électricité. Il est absurde de se tourner aujourd’hui vers un développement industriel lié aux hydrocarbures à une époque où tous les gouvernements de la planète sont appelés à opérer un virage vers les énergies faibles en carbone. Tout le Québec recèle un potentiel d’énergie éolienne, géothermique et solaire largement sous exploité. C’est cette richesse qu’il faut développer.
La banque Citigroup, la troisième plus grande banque d’Amérique, a publié en août 2015 un rapport qui démontre qu’investir dans la transition énergétique ne coûte pas plus cher que de poursuivre dans la lignée du business-as-usual. Les investissements dans la transition énergétique s’avèrent même immensément plus rentables. «Les investissements dans le gaz naturel liquéfié, le pétrole lourd et les sables bitumineux sont les plus à risque», affirme-t-on dans le rapport .
Le gouvernement québécois actuel continue d’ignorer les avis des experts économistes, des climatologues et des ingénieurs de la transition énergétique. En se tournant vers la filière du gaz liquéfié, le gouvernement de Philippe Couillard contrevient aux efforts internationaux qui visent à limiter le réchauffement planétaire à 2° Celsius et il nuit à la relance économique du Québec. Après la honte nationale que représente l’exploitation du pétrole sale des sables bitumineux, c’est au tour du Québec de revêtir le bonnet d’âne. Avec des politiciens aveugles et sourds face aux enjeux de notre époque, souhaitons que la population ne restera pas muette. Il faut dire haut, fort, sur tous les tons et toutes les tribunes: laissez les hydrocarbures dans le sol. C’est le virage énergétique que nous voulons.
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