Le PQ, une fois au pouvoir, devrait-il utiliser les fonds publics pour promouvoir la souveraineté?
Oui, s'il place la souveraineté au centre de sa campagne électorale. Non, s'il se contente, comme il l'a fait pour chaque élection (sauf en 1994 avec Jacques Parizeau), d'insister sur des thèmes de bonne gouvernance, en réservant les grandes envolées sur la souveraineté aux assemblées partisanes de fin de soirée, alors que les bulletins d'information sont déjà passés, les caméras éteintes et les journalistes rentrés chez eux.
Le principe est simple: il faut dire clairement à l'électorat, avant le scrutin, et le lui répéter matin, midi et soir, qu'un gouvernement péquiste utilisera les fonds publics pour ouvrir la voie à un nouveau référendum. C'est une exigence démocratique élémentaire.
Le débat, relancé par les beaux-pères (MM. Parizeau et Landry, deux hommes suffisamment virils pour qu'on cesse de les appeler «belles-mères»!), ce débat, donc, est vieux comme le PQ. C'est l'éternel débat entre les «électoralistes» et les indépendantistes pour qui le pouvoir n'est rien s'il ne sert pas exclusivement la cause de la souveraineté.
Les électoralistes n'ont pas tort de dire que la première condition à remplir pour faire la souveraineté, c'est d'être au pouvoir. Il n'y a qu'à consulter les sondages pour réaliser que si le PQ insistait trop lourdement sur son intention de faire un référendum, il compromettrait ses chances de victoire, et donnerait des munitions à l'adversaire.
Le PQ a donc tout intérêt à estomper la question du référendum en l'enrobant d'un flou artistique avec les petites phrases ambiguës dont les leaders péquistes ont toujours eu le secret: référendum si nécessaire, pas nécessairement un référendum... un référendum si les conditions gagnantes existent... et tutti quanti.
Sur cette question, M. Landry s'est accroché aux basques de M. Parizeau, mais il était beaucoup plus prudent quand il était lui-même à la tête du parti. Durant la campagne électorale de 2003, on ne se souvient pas qu'il ait ardemment «promis» à la population de l'engager sur la voie de la souveraineté.
M. Parizeau, fidèle à lui-même, incarne au contraire l'optique militante. Celle qui dit que jamais l'indépendance n'adviendra si l'on se contente d'attendre passivement qu'un événement imprévu fasse soudain tourner le vent.
À vrai dire, Mme Marois ne prônait pas une telle passivité, avec son projet de «constitution québécoise» et sa volonté affirmée de multiplier les querelles avec le fédéral. Elle vient de faire un pas de plus en cédant aux objurgations de ses prédécesseurs. Elle s'engage maintenant à faire financer par les fonds publics des «études» sur la souveraineté (dont on devine dans quel sens elles pencheront), sous prétexte que le gouvernement Charest appuie le Conseil de la fédération.
Cela n'a rien à voir: le Conseil de la fédération est une structure facilitant le fonctionnement d'un régime existant, comme les rencontres sur la péréquation. Ce n'est pas une action militante visant à faire changer l'ordre des choses.
Mais répétons-le, le PQ pourra légitimement utiliser les fonds publics pour promouvoir son option... à condition qu'il indique clairement aux électeurs que telle est son intention, et ce, pendant la campagne électorale.
M. Parizeau, quant à lui, va plus loin: il estime que seule une échéance référendaire clairement établie peut galvaniser les militants et pousser la population à faire des choix.
Mais ce n'est certainement pas l'option qui l'emportera au congrès péquiste de la mi-avril. L'odeur du pouvoir est trop alléchante, et l'histoire se répétera: les électoralistes l'emporteront sur les purs et durs...
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