Préoccupés par le terrorisme et l’intégrisme religieux, les Québécois donnent un appui sans équivoque à la mission militaire canadienne en Irak et à la nouvelle loi antiterroriste proposée par le gouvernement Harper.
Les électeurs québécois, habituellement sceptiques devant les mesures axées sur la loi et l’ordre, sont plus favorables que jamais à la stratégie antiterroriste du gouvernement conservateur. Les trois quarts (74 %) des Québécois appuient le projet de loi qui donne plus de pouvoirs au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et aux policiers dans leur lutte contre le terrorisme, révèle un sondage Léger réalisé pour Le Devoir et Le Journal de Montréal.
Ce sondage a été mené du 2 au 5 février auprès de 1036 internautes. On ne peut attribuer une marge d’erreur à un sondage fait par Internet à partir d’un échantillon non probabiliste. Les résultats du sondage ont toutefois été pondérés à l’aide de données du recensement de 2011 selon l’âge, le sexe, la langue maternelle, la région et le niveau de scolarité de façon à ce que l’échantillon soit représentatif de la population, selon Léger.
Signe de l’inquiétude des Québécois envers le terrorisme, une majorité claire de 64 % des répondants croit que les corps policiers manquent de ressources et de moyens pour lutter efficacement contre les menaces terroristes et l’intégrisme religieux, indique le sondage.
Une autre majorité nette de 62 % des Québécois appuie la mission militaire canadienne en Irak contre le groupe État islamique (EI), qui sème la terreur au Moyen-Orient. Il s’agit d’un contraste frappant avec la mission des soldats canadiens en Afghanistan — qui a pris fin en mars 2014 — à laquelle s’opposaient fortement les Québécois, surtout à la fin du déploiement.
Cette fois, les Québécois appuient pratiquement toutes les initiatives du gouvernement Harper contre le terrorisme. « Je ne me souviens pas d’un tel appui à des mesures conservatrices au Québec. Les Québécois ont tendance à être très frileux envers le discours conservateur », dit Christian Bourque, vice-président et associé chez Léger.
Retombées des attentats
Cet appui sans faille au gouvernement Harper s’explique facilement : les Québécois sont préoccupés par le terrorisme (73 %) et par l’intégrisme religieux (77 %), révèle le sondage. Il faut dire que la menace terroriste a frappé durement à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa avec les attentats qui ont coûté la vie à des militaires, en octobre dernier.
Depuis, les électeurs québécois appuient la ligne dure du gouvernement contre le terrorisme, même si l’équilibre entre la sécurité et le respect des libertés civiles reste fragile. Par exemple, les répondants au sondage sont favorables au projet de loi fédéral qui permettrait aux agents du SCRS d’enfreindre la loi pour déjouer des complots terroristes. Des experts affirment que ce projet de loi ouvre la porte à des actions tout droit sorties des années 70, quand des agents fédéraux avaient mis le feu à une grange et volé la liste de membres du Parti québécois dans le cadre d’une enquête sur le Front de libération du Québec.
L’enthousiasme des électeurs québécois envers les projets antiterroristes représente une excellente nouvelle pour les conservateurs en cette année électorale, souligne M. Bourque. Les libéraux de Justin Trudeau ont bien saisi l’enjeu et ont annoncé qu’ils appuient le projet de loi conservateur, malgré des réserves importantes.
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