S’il y a une chose qui ne prend jamais congé, pandémie ou pas, ce sont les rivalités politiques.
J’ouvre le dernier numéro de The Economist et qu’est-ce que je vois ?
Je vois une pleine page de propagande, payée par le gouvernement chinois, pour vanter la glorieuse offensive victorieuse du président Xi contre la COVID-19.
Faits
Chaque fois qu’on croit avoir atteint le dernier degré de la manipulation mensongère et de la réécriture des faits, on découvre que quelqu’un est allé plus loin.
Et cela marche.
Écoutez ces journalistes naïfs, ces experts en santé publique, ces simples citoyens autour de nous qui louangent la Chine, et qui se demandent pourquoi nos dirigeants ne sont pas aussi efficaces pour maîtriser la situation.
Le récit que le régime chinois veut nous faire gober, c’est que ce fut la faute des autorités locales ou de ses « ennemis » extérieurs, et que ce sont les fabuleux dirigeants de Beijing qui ont redressé la situation.
La vérité est plutôt qu’en haut, on a fait taire la vérité venue d’en bas.
Reconstituons le film des événements.
Le premier cas apparaît à Wuhan le 17 novembre. Le 20 décembre, il y a déjà 60 cas. Le 31 décembre, on en est à 266 cas.
La réalité est probablement pire : les chiffres lancés par les dictatures doivent toujours être traités avec un immense scepticisme.
Les résultats des premiers tests sont connus le 30 décembre.
Une responsable locale sonne immédiatement l’alarme : c’est un virus terrible et il se transmet d’un humain à un autre.
La femme est réprimandée par les autorités parce qu’elle « fait circuler des rumeurs ».
Beijing ne confirme au monde l’existence du virus qu’à la mi-janvier.
On admet quand on ne peut plus nier, comme l’URSS lors de la catastrophe de Tchernobyl.
Ce n’est que le 23 janvier que la ville de Wuhan et toute la province de Hubei sont placées en quarantaine, avec des méthodes d’une brutalité inimaginable dans nos sociétés.
Parallèlement, une censure féroce s’abat sur les réseaux sociaux, seuls outils partiellement disponibles pour les Chinois qui osent critiquer leur gouvernement.
Le 20 février, un journal du régime avance que « si ce n’était des avantages institutionnels uniques du système chinois, le monde serait aux prises avec une pandémie dévastatrice ».
Bref, la Chine avait sauvé le monde.
Quelques jours plus tard, quand la pandémie est devenue mondiale, il faut inventer une autre histoire.
Le 5 mars, un porte-parole du régime avance que « l’origine du virus n’est peut-être pas en Chine ».
Le 12 mars, on va un cran plus loin dans le délire : le virus, dit le ministère chinois des Affaires étrangères, « pourrait avoir été introduit par l’armée américaine ».
Culottée !
Pas un mot sur la négation initiale, pas un mot sur le retard à réagir, pas un mot sur l’hygiène déplorable dans ces marchés d’animaux vivants, pas un mot d’autocritique.
Mieux encore, la Chine envoie des masques, des blouses, du personnel soignant dans d’autres pays pour aider.
Bientôt, le régime chinois va nous demander de le remercier.
Et il s’en trouve autour de nous pour avaler ça ! Quelle naïveté !