Jacques Parizeau

Discours de clôture au colloque des IPSO

IPSO - colloque du 6 juin 2009 -


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Transcription du discours (par [Daniel Sénéchal->20531])
Transcription du discours de Jacques Parizeau lors du colloque des IPSO tenu le 6 juin 2009
Je voudrais vous remercier pour votre invitation et vous dire avec quel plaisir je retrouve beaucoup de gens que, si vous me permettrez, j’appellerai de vieux camarades de combat. Beaucoup d’entre nous sommes actifs dans cette question de réaliser la souveraineté du Québec et c’est quand même un témoignage qu’on doit se donner, qu’on est toujours là, qu’on est toujours aussi convaincu. Mais ce n’est peut-être pas un témoignage qu’il faut se donner, qu’on est encore ben souvent mêlé !
C’est vrai que cette démarche démocratique qu’on a tenté, elle a été longue, très longue. Elle avait commencé à différentes époques, même si, pour la plupart, on commence avec la publication d’Option Québec de René Lévesque en 1967. Comptez, ça fait quand même quarante deux ans.
J’entends ce vous dites aujourd’hui. Je comprends très bien là l’espèce de désir, de nécessité qu’on éprouve de trouver des endroits où on peut se retrouver, discuter, peut-être s’entendre sur certaines choses. C’est vrai qu’on a de la difficulté à se retrouver. Je ne veux par rentrer dans les raisons, chacun a plus ou moins ses explications et c’est vrai que le mouvement souverainiste a un peu tendance à s’éparpiller depuis quelques années.
Je voudrais essayer, ce midi, de vous présenter quelques impressions en essayant de ne pas être nostalgique. Parce que rendu à mon âge, et après ce qui est arrivé en octobre 1995, ça serait facile d’être nostalgique, parce que c’est tellement vrai. Puis d’autant plus que, non seulement qu’on a passé près, mais on n’est pas tout à fait certain qu’on n’a pas gagné.
À cinquante mille voies près, on discuterait de choses bien différentes aujourd’hui, le Québec serait un pays indépendant depuis une dizaine d’années. Passons. On va essayer de faire le point là, de la situation, où est-ce qu’on en est ?
La dernière élection à Québec, ça a commencé très très mollo sur la souveraineté. Si vous regardez la plateforme électorale du PQ de l’élection du mois de décembre, je vous assure qu’il n’y en a pas épais sur la souveraineté, c’est vraiment le minimum mini mumum. Et puis, la campagne commence et les dirigeants du PQ rentrent dans des salles où tout le monde se lève en disant : « On veut un pays ; on veut un pays… » Ils sont un peu mal pris. C’est gênant un peu, devant les journalistes, de dire devant tout le monde qui dit qu’on veut un pays : ben écoutez là, pas trop vite, on va faire ci, on va faire ça… Alors, la campagne s’est terminée pas mal plus souverainiste qu’elle avait commencé.
Du côté du BLOC, pendant la campagne électorale fédérale, la presse unanime disant : « le BLOC va se faire laver ». Plus on avançait, moins y avait d’eau. Si bien qu’une fois qu’on a tout dit ça, on se retrouve, à l’heure actuelle, avec la moitié des députés, fédéraux et québécois, représentants du Québec qui sont des souverainistes. C’est élémentaire mon cher Watson, mais je n’ai jamais vu ça. Ça représente une force potentielle, qui n’est pas vraiment très très utilisée. Je ne suis pas certain qu’on comprend ce que ça veut dire, la moitié de tous les représentants élus du Québec sont des souverainistes.
En même temps que ce phénomène là se produit, tout le monde est convaincu, et de temps à autre il y a un sondage pour le démontrer, que l’appui à l’option baisse. Alors, on est plus à 49½ %, on est à 44%, et puis à 42%, puis 38%. Tout le monde se dit qu’il faudrait bien faire remonter ça. Cet aspect là de la question est embêtant, parce que chez les souverainistes, de plus en plus de gens voyant baisser l’appui à l’option, sont de plus en plus nombreux à croire que ça ne se fera pas.
Alors nous, on voit apparaître des thèses dans le genre que la souveraineté, c’est le fait d’une génération, ça va passer avec cette génération là, la nôtre. Ça crée une sorte de morosité et une grande hésitation chez les partis politiques. Il faut bien comprendre que les partis savent qu’ils doivent faire quelque chose et dans les jours qui viennent, vous allez voir, que ça va bouger. Mais, forcément, pour avancer de façon un peu vigoureuse, ça prend un certain courage. Parce que beaucoup disent : « Oh mon Dieu ça me tenterait mais, c’est dangereux. » J’entends ça de plus en plus souvent : « c’est dangereux, faut faire attention. Heille, pas trop loin comme ça, pas trop vite, pas trop de ça ». J’ai tellement connu ça moi, au cours des trente, quarante dernières années.
J’en étais dans cet état d’esprit quand j’apprends qu’un sondage du BLOC a été fait, pas sur les intentions de vote, mais sur les idées que les gens ont à l’égard de la souveraineté. Ça n’a pas circulé. J’ai demandé qu’on m’en envoie un exemplaire et ils m’ont envoyé un Power Point qui a vidé toute l’encre dans la machine. Mais j’ai finalement réussi à en avoir une copie et je voudrais vous en faire état. Moi, ça fait longtemps que je n’ai pas eu une surprise pareille. Ça a été fait entre le 11 et le 15 mars, de cette année, 1003 répondants, marge d’erreur de plus ou moins 3%. Soyez patients parce qu’il faut que je tourne les feuilles.
Alors, la première question que je veux vous indiquer c’est ceci : « Que le Québec devienne un pays indépendant ? C’est la question idéale, simple, claire. Ce n’est même pas la souveraineté, c’est l’indépendance, le mot qui faisait peur, tellement peur dans le temps. Pour l’ensemble du Québec, favorable : 49,2% ; chez les francophones : 56,3%.
Je continue : « Que le Québec devienne un État souverain associé économiquement avec le reste du Canada ? Au total, en faveur : 61,4%, chez les francophones : 66%. Que le Québec fasse partie du Canada avec un statut particulier ? Ça, ça m’a surpris, ça va vous surprendre aussi. Favorable : 66%, chez les francophones : 67%. Ça a de l’air d’être en contradiction complète avec ce que je viens de vous dire. Vous allez voir, soyez patients, pas du tout. Au contraire, ça démontre une grande sagesse. Que le Québec fasse partie du Canada sans statut particulier ? En faveur : 42%, chez les francophones : 36%. Extraordinaire ça. La question référendaire de 1995, telle quelle. Alors, en faveur : 49,7% ; francophones : 57%. Ce qui a baissé, c’était 61%. Alors, si c’est 57% de francophones, ça veut dire qu’on ne gagne probablement pas du côté des anglophones, mais du côté des allophones. C’est la seule explication possible.
Bon là, quatre questions sur des impressions. Première impression : Il sera possible, un jour, de réformer le fédéralisme canadien de façon à satisfaire à la fois le Québec et le reste du Canada ? Au total : 62% des québécois pensent que c’est vrai. Vous allez voir… Le Québec a le droit de se séparer du Canada ? Au total : 60,9% et chez les francophones : 68%. Le Québec a les ressources humaines, les ressources naturelles et le capital financier pour devenir un pays souverain ? Au global : 59,9% ; chez les francophones 65%. Regardez bien : « Le projet de souveraineté est réalisable ? Au total : 56,6% et chez les francophones : 62,4% qui pensent que le projet de souveraineté est réalisable. Le projet de souveraineté se réalisera ? Au global : 34,4% ; les francophones : 38%.
Vous comprenez comme ils sont sages ces gens là, ils se protègent des deux bords : ils voudraient avoir l’indépendance, mais puisqu’on n’est pas capable de l’avoir, au moins un statut particulier. Mais c’est un terrible jugement sur, chez ceux qui se considèrent les leaders du parti souverainiste ou le mouvement souverainiste. À notre égard, c’est un sacré jugement ça. Les gens sont persuadés que c’est possible, ils aimeraient ça, mais ils pensent que ça ne se fera pas.
Devant ça, il faut s’arrêter à ça et réfléchir un peu. Nous qui pensons appartenir à l’élite des souverainistes, qu’est-ce qu’on doit changer dans notre façon de faire ? Puisque le monde ordinaire est où on veut qu’il soit, pourquoi est-ce qu’ils ne croient pas en nous, qu’est-ce qu’on fait de croche là ?
Dans ce sens là, on ne peut pas se chercher un painkiller, le geste qui va tout à coup… Ça va demander beaucoup de changement, beaucoup de changement, dans le sens de certaines choses qu’on a déjà faites et dans le sens de choses qu’on n’a jamais faites. Devant ça, il faut avoir l’esprit très, très ouvert et je pense qu’on doit tous être très humble par rapport à ces chiffres là, tous autant que nous sommes.
Ce n’est pas parce qu’on a une divergence sur telle affaire puis une divergence sur telle autre. On a à…c’est pour prendre un examen de conscience, c’est pour prendre une résolution, c’est pour parler en termes d’autrefois. C’est se monter un programme de travail, un programme qui est entièrement tourné, vers les gens. Et ça, ça ne peut pas être trop compliqué. Et ça sert à rien de recommencer nos discussions à un niveau tel que personne nous comprend, ou que c’est la seule impression qu’on a dans le public, c’est qu’au PQ, on se chicane tout le temps.
Alors quelques idées comme ça en passant. J’ai écouté avec intérêt, ce matin, les discussions sur : projet ; pas projet ; projet de société ; pas de projet de société.
Je me souviens, il y a bien des années, une ligne ouverte quelque part en province. Si je me souviens bien, du côté du bas du fleuve en quelque part, un poste de radio. Et une dame appelle et dit : M. Parizeau, oui, le code criminel, c’est fédéral, je dis oui. Si on se sépare, que c’est qu’on va faire avec les bandits ? Faut répondre, elle va voter elle. Et si ça l’embête cette question là et que t’as pas une bonne réponse. Alors, je lui ai expliqué qu’il faut comprendre que le code criminel, c’est une loi fédérale et l’Assemblée nationale va en faire une loi du Québec. Comme ça et puis on le changera au fur et à mesure s’il y a des dispositions qui ne font pas notre affaire, au fur et à mesure où le temps passera on changera ce qu’on veut changer. Ah, elle dit, « c’est simple comme ça, ben merci beaucoup. »
C’est ça, on ne s’en sortira pas. On l’a bien fait ce travail là jusqu’à maintenant. La preuve, les chiffres. Mais, on ne peut pas éviter de continuer et de continuer et de continuer… Il y des chiffres extraordinaires sur les groupes d’âge dans ce sondage. Nous perdons, les souverainistes perdent du terrain chez les plus jeunes et en particulier, nous perdons 12% d’appui, par rapport à 1995, chez ceux qui ont aujourd’hui de 35 à 45 ans. Ça, c’est les gens qui avaient vingt ans le jour du référendum puis qui ont l’impression profonde de s’être fait avoir. Ils ont décroché. Alors que notre situation s’améliore énormément chez les personnes âgées. On s’imagine que c’est le fun, autrefois c’était le contraire. Là, à l’heure actuelle, chez ceux qui ont de 54 à 65 ans, l’appui a augmenté de 12%. Il augmente moins, mais substantiellement quand même chez les plus de 65 ans. Ce qui veut donc dire que ce travail, comment dire, de persuasion, d’explication doit se continuer tout le temps. On ne peut pas se permettre d’être très très très fort au fur et à mesure que la population vieillit et d’avoir la situation inverse, de perdre tout notre monde chez les jeunes.
Depuis des années, quand je dis depuis des années, depuis Jean Lesage, on fait, au gouvernement, à Québec et au PQ, par la suite, à partir de1976, on fait fréquemment des études sur ce que donnerait la souveraineté. Par exemple, d’année en année, est-ce que le fédéral dépense plus ici qu’il n’en retire d’impôts ? Ou est-ce que c’est le contraire ? Comment se présente notre part de la dette publique fédérale ? À combien peut-on évaluer les doubles emplois, les chevauchements de programmes ? En 1995 on les a évalués à 3 milliards. Ce n’est pas rien. Il y a beaucoup de programmes qui se chevauchent entre les deux gouvernements et il y a des économies considérables à faire de ce côté-là.
Mais, il y a aussi toutes espèces d’autres choses, sur le plan juridique. Est-ce qu’il est vrai que, comme disait Pierre Trudeau, que si le Canada peut péter, le Québec peut péter aussi ? Est-ce que nos frontières sont menacées sur le plan juridique, est-ce qu’il y a un droit de sécession par rapport au Québec ? Il y a toutes espèces d’études juridiques qui ont été faites sur ce plan là, les premières datant, d’un professeur de l’Université de Montréal qui s’appelait Brassard. en 1967, un bouquin sur la… Ça s’est arrêté.
Il y a des études qu’on n’a pas besoin de refaire, mais il y a des études qu’il faut refaire. Ces études là sont importantes. Non, pas parce qu’elles circulent dans le public, la plupart d’entre elles, parce qu’elles sont bonnes ou parce qu’elles sont très techniques. Mais, ça donne une assurance aux dirigeants. On n’est pas des irresponsables. Quand on s’adresse à une foule là, on ne peut pas dire n’importe quoi. Mais, si on a des bonne études qui nous permettent d’affirmer une chose en sachant que c’est vrai puis qu’on n’entraîne pas les gens dans une aventure, c’est important.
N’oubliez jamais là, la décision de faire un référendum pour réaliser la souveraineté du Québec, c’est un homme, ou une femme, un pouce et un bouton. Et au fur et à mesure où le pouce se rapproche du bouton, il y en a qui ont peur. C’est une sacré responsabilité.
D’autre part, ces études là permettent de se les transformer en petit catéchisme. Est-ce qu’on peut faire telle chose, qu’est-ce qui va arriver si telle chose se produit ? De façon à pouvoir parler au monde ordinaire pour leur expliquer.
Ça nous amène à qu’est-ce qu’on fait dans les prochaines années là ? C’est épatant, trois ou quatre ans dans l’opposition. Je le sais, j’en ai fait cinq. Ça permet de réfléchir, ça permet de tout préparer. Et à un moment donné d’annoncer un référendum. D’annoncer un référendum, parce qu’on est prêt. Pendant la campagne électorale de 1994, pourquoi j’aurais annoncé un référendum dans les huit ou dix mois qui suivraient. Ça aurait été fatal, je le préparais. Mais, je n’ai pas commencé quatre ans d’avance à dire quand est-ce que je vais le faire. Ce débat au PQ sur la date du référendum, je n’en suis pas revenu. Quand est-ce qu’on fait un référendum ? Quand on est prêt !
Mais, quand on est prêt, il faut le préparer. Et ça prend du temps. C’est par le sérieux de nos analyses, de nos études, de notre comportement aussi, qu’on va graduellement amener le Québécois à dire : ah ben, peut-être que c’est possible. C’est notre tâche pour les trois ou quatre années qui viennent. On est dans l’opposition pour un bout de temps, on le sait. Ça c’est du côté de Québec.
Côté Ottawa, en un certain sens, non seulement c’est la même chose, mais ils peuvent le faire encore plus, que le PQ, parce qu’ils n’ont pas les responsabilités du pouvoir. En ce sens là, ça leur donne une sorte de liberté d’esprit assez grande. Faut pas se faire d’illusions, eux continuent à faire des études au BLOC. Par exemple, tout ce qui concerne les études sur l’environnement, sur les gaz à effet de serre, etc. On fonctionne sur les chiffres du BLOC, c’est eux qui font toutes les études.
Et on arrive là au haut de la société civile, les autres groupes et les autres choses que des partis politiques. Comment dire, Québec-solidaire, comme parti politique, son représentant à l’Assemblée nationale, joue très bien ce jeu là de la présence sérieuse des souverainistes sur un certain nombre de dossiers. Il y a le rôle des autres, de la société civile, de vous autres.
Ça ne va pas être facile de se débarrasser de ce problème. Si je disais que ça empoisonne l’atmosphère, ça serait trop. Mais, vous savez, mettons que ça rend l’atmosphère très lourde depuis quelques années. Parce que c’est des débats qui ne sont pas terminés, on en a des échos ce matin.
Comment doit-on procéder pour réaliser l’indépendance du Québec ? Il y a trois façons pour le Québec comme pour tous les pays du monde. Trois façons : la violence ; un vote du parlement ou un référendum. Il n’y en a pas d’autres ! Si on est contre la violence, contre un vote au parlement puis contre un référendum, ça veut dire qu’on ne veut pas que le Québec devienne indépendant. Il faut le dire là des fois ! Il faut cesser de tataouiner à un moment donné, je ne peux pas croire. On va avoir honte de dire qu’on s’en va vers un référendum.
Il n’y pas de raison non plus d’avoir honte de dire : on pense qu’une élection référendaire suffirait. Ce sont deux thèses qui s’affrontent depuis très longtemps. Pour ne rien vous cacher, au congrès de 1974, ça fait donc trente cinq ans, je dirigeais, j’avais l’honneur de diriger ceux qui pensaient que le Québec étant entré dans la confédération sur un vote de ses députés, pourrait en sortir sur un vote de ses députés. N’applaudissez pas, on a été battu… Et c’est là qu’on a accepté que ça se ferait par un référendum. Moi je suis bon soldat, la démocratie a joué. Et non seulement je suis rentré dans le rang, mais j’en ai même fait un, référendum.
Robert Laplante a rallumé tout le débat. Je dois le dire d’une façon tout à fait remarquable et je l’ai appuyé. Mais le congrès de 2005 du PQ a décidé que ça serait pas ça, ça ne se passerait pas comme ça, que ça serait un référendum. Bon, je veux bien que l’on éternise le débat, mais ça ne nous donne rien ça. Si on veut prendre le pouvoir dans trois quatre ans, puis là, préparer un référendum pour réaliser la souveraineté du Québec, une discussion comme celle-là, c’est tout à fait possible, c’est tout à fait démocratique et c’est parfaitement stérile.
Autres discussions, ce n’est pas fini. Est-ce qu’on fait un référendum pour se retirer du Canada ou si on fait des référendums sectoriels, un par un ? Celui-là je vous avouerai, je ne sais pas comment y va tourner. Des référendums sectoriels, dans certaines circonstances, ça peut être très utile.
Il y a un de mes anciens assistants qui m’avait dit : « pour faire la souveraineté, il faut une crise. » Et puis, c’est bien embêtant, il y a des crises apparaissent de temps à autres, mais ce n’est pas toujours au bon moment pour nous. En fait, il faudrait qu’on suscite la crise. Et c’est évident qu’un référendum sur un sujet défini peut créer une crise. Il faut faire attention, cependant, avec ces référendums là, on ne peut pas en avoir plusieurs à 85 millions de la shot, les gens vont crier.
Alors, on commence à regarder du côté de la Suisse pour savoir comment ils font, parce qu’ils ont des référendums à tous les mois eux autres. Ils adorent ça. Donc, il faut chercher la formule pour savoir comment ils ont réussi à réduire les coûts…
Mais, en tous cas, le débat, on l’a vu ce matin, le débat, il est en cours. C’est un débat intéressant, là. Lui, il n’est pas stérile. Le parti, va avoir un congrès où les membres vont décider que ça serait ça plutôt qu’autres choses. D’ailleurs, j’espère qu’il n’y aurait pas de décisions dans un congrès qui empêcheraient complètement l’une des deux formules. N’est-ce pas, l’avenir comme disait De Gaulle : « l’avenir dure longtemps », il ne faut pas se fermer des portes. Des fois ce n’est pas intéressant.
Il y a le débat sur ce que vous avez appelé, soit les états généraux ou la convention, ce matin. Embêtant pour les partis politiques parce qu’ils ont l’impression qu’ils perdent le contrôle quand ils ouvrent ça. Ça a été mentionné d’ailleurs ce matin, à juste titre, ce n’est pas une niaiserie ça. Et d’autre part, quand on sait qu’on est en face de journalistes ou de journaux qui ne sont pas nécessairement convaincus de notre juste cause, ils se servent de ces choses là, comme on le voit souvent.
Je pense que, si on veut que la société civile, les mouvements sociaux, les mouvements souverainistes, travaillent avec les partis politiques. Il va falloir passer par quelque chose comme ça. Ça m’apparaît évident. Préparons bien ça en ce moment. Ne vous imaginez pas que ça prend une semaine de préparation ça. Puis, n’oubliez pas les études ! Lâchez pas deux milles personnes « lousses », parce que si ça tourne au chaos, les journalistes s’amusent avec ça comme des p’tits fous.
Des consultations, il y en a eu beaucoup à l’époque de 1995, souvenez-vous des commissions sur l’avenir du Québec. Dix-huit commissions, une commission nationale. Et ça, pensez-y là. Bouchard-Taylor se trouvent extraordinaire parce qu’ils ont réussi à rentrer dans leur salle trois-mille-cinq-cent personnes. Il est venu cinquante-cinq-mille personnes pour la commission sur l’avenir du Québec. Cinquante cinq mille.
Et chaque époque a ses consultations. Là on a un problème d’unité des souverainistes et c’est sûr que c’est le genre de choses que vous avez examiné ce matin, ça se trouve à quelque part la solution.
Quelques mots sur l’orientation sociale du PQ, parce que ça aussi c’est un débat qui n’est pas vraiment réglé. On n’en parle pas souvent, puis pourtant, c’est d’une grande importance. D’abord, à sa création et pendant longtemps le PQ a été un parti représentant de nombreuses tendances sociales, vraiment de la droite à la gauche. Vous n’avez pas idée du nombre de créditistes que j’ai fait rentrer moi dans le PQ. Ce n’était pas exactement la gauche ça.
Encore, il y a quelques années, c’était en 1993, quelque chose comme ça, 92-93, l’été de… cette jeune fille qui voulait se faire avorter, Chantal… D’Aigle, vous vous souvenez de l’été ? Comme président du PQ, j’ai passé un sacré mauvais quart d’heure. Moi, j’avais un certain nombre de femmes dans le parti qui considéraient que c’était un droit, puis d’autres hommes qui considéraient que c’était un meurtre. Essayez de réconcilier ça ?
Le PQ, par définition, s’il veut rassembler beaucoup de gens, rassemble beaucoup d’opinions qui ne sont pas nécessairement très compatibles. Cette vision du parti, elle s’appui sur une sorte de ciment entre tout ce monde là et la souveraineté. La souveraineté, c’est le ciment qui met tout ce monde là ensemble. Par opposition à une vue, comment dire… L’aile sociale-démocrate du PQ qui a tendance à chasser tout ce qui n’est pas à gauche. Ça tente toujours beaucoup de gens au PQ, mais ils l’appliquent pas, pas vraiment. Parce que l’exercice du pouvoir, quand vous avez été au pouvoir pendant 18 ans sur les derniers 30 ans, vous en êtes revenus pas mal des rêves de la gauche. Il y a des choses, l’important c’est de garder j’allais dire, garder le cœur accroché à la bonne place, puis savoir qu’on est le parti du monde ordinaire. Puis qu’on doit être un peu comme Steinberg, autrefois puis son slogan, « On est de leur bord. » Moi ça me désole de savoir que, par exemple, la FTQ a refusé d’appuyer le PQ aux dernières élections, c’est la première fois depuis longtemps. Louis Laberge, j’ai été, on était des frères et c’est désolant de savoir que ça tourne comme ça tourne à la FTQ, il y a des choses à régler.
Alors, comment on combine ce goût d’être du côté du monde ordinaire, puis d’autre part, d’être assez ouvert pour être capable de fédérer des tas de tendances. Ça aussi, c’est un débat, puis c’est un débat permanent, puis j’espère que ça va rester un débat permanent, parce que c’est un débat extrêmement intéressant qui nous force continuellement à nous définir sur le plan social.
Bien voilà, vous voyez, après cette espèce de condamnation terrible que représente ce sondage-là, pour des gens comme nous, il faut absolument qu’on retrouve le goût des objectifs clairs. Les idées simples et généreuses. Le goût d’écrire, de répondre aux gens quand ils demandent comme Yvon Deschamps : « la souveraineté, qu’ossa donne ? » Qu’on puisse leur répondre, tout simplement. Pour qu’on retrouve le goût qu’on a eu pendant tellement longtemps et qu’on a un peu perdu, un peu par l’exercice du pouvoir, de se sentir, dans le peuple québécois, comme des poissons dans l’eau.

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Jacques Parizeau21 articles

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En 1994, Parizeau mène le Parti québécois à la victoire électorale, formant un gouvernement majoritaire convaincant et devenant premier ministre du Québec. Parizeau promet de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dans la première année de son mandat, et malgré des objections de toutes parts, il respecte sa promesse. Il fixe la date du référendum pour le 30 octobre 1995. Au début, l'appui à la souveraineté se situait à environ 40 % dans les sondages d'opinion. À mesure que la campagne avance, toutefois, les appuis à l'option du « Oui » se mettent à monter. Malgré cela, l'option souverainiste plafonne, et Parizeau fait l'objet de pressions pour s'adjoidre les services de Lucien Bouchard, le chef extrêmement populaire du Bloc québécois, perçu comme plus modéré et plus pragmatique, en le nommant "négociateur en chef" advenant la victoire du "Oui". Pour le succès de la cause, Parizeau accepte ainsi de jouer un second rôle pour la suite de la campagne.

{[Wikipedia->http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Parizeau]}





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3 commentaires

  • Élie Presseault Répondre

    5 juillet 2009

    Je vous remercie d'avoir retranscrit la conférence. Étant une personne sourde, je fus à même d'apprécier les propos de Parizeau. En passant, j'ose espérer que plus de transcriptions seront disponibles à l'avenir. Nous ne savons jamais quand nous avons besoin d'une référence en pièce jointe.

  • Michel Guay Répondre

    17 juin 2009

    De n'importe lequel des écris ou des discours des politiciens il est possible de faire ressortir des extraits pour les faire pendre et dans ce genre les fédéralistes sont des experts menteurs pour récupérer ainsi toutes les affirmatins des patriotes Québecois au service de leur cause coloniale canadian.
    Ça fait 40 ans qu'ils pourchassent dans leurs médias bandits les indépendantistes Québecois de cette façon .
    Souvenons nous
    1) de la piastre à Lévesque
    2) du coups de la Brink,s
    3) du coups des Yvettes
    4) du coups des coupures d'Ottawa en santé attribuées au PQ
    5) du coups d'Oka
    6) du coups de l,argent et du vote ethnique pour faire oublier le vol du référendum
    7) et maintenant du coups des crises supposément fabriquées selon Charest par le PQ
    etc...
    Comme ils contrôlent tous les médias à partir de Gesca , Canadian Press de Toronto et le Corus Alberta ils détournent tous les véritables débats vers ces crises qu'ils fabriquent en mentant contre tous les intérêts de la nation Québecoise tout en vidant nos Caisses

  • Thibaud de La Marnierre Répondre

    16 juin 2009

    J'apprécie chaque fois la rafraîchissante honnêteté de Monsieur Parizeau, et sa cohérence. Il dit que le roi est nu, sans se soucier d'offusquer les bien-pensants.
    Ses interventions ne sont guère politiciennes et souvent apparemment malhabiles, mais je doute qu'un tel personnage puisse ne pas savoir ce qu'il fait.
    À l'époque du référendum de 1995, dont je me demande encore pourquoi le vol n'a pas suscité plus de réprobation, il a dit tout haut, tout fort une évidente vérité pour laquelle on l'a blâmé, mais qui n'en reste pas moins vraie, et c'est un "importé" qui le dit.
    La souveraineté n'a hélas plus grand chose à perdre ou à gagner par ce genre de coup d'éclat dont il est familier, et je pense qu'il le sait.
    Pouvons-nous légitimement interpréter ces petits coups de pieds dans la fourmilière comme autant de barouds d'honneur ?
    Qui qu'il en soit, j'apprécie quelqu'un qui reste fidèle à ses conviction et qui a l'honnêteté de le dire, quand bien même cela devrait-il gêner les atermoiements politiciens qui de toute manière ne déboucheront jamais sur rien de sérieux.
    Monsieur Parizeau, ne mettez pas d'eau dans votre vin - même si c'est de l'Élysette.