Deux petits mots

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Nos ennemis n'ont qu'à bien se tenir

Deux petits mots tout simples : «nous vaincrons», lancés par des partisans de Mario Beaulieu au moment de l'annonce de sa victoire à la chefferie du Bloc québécois.
Un petit geste tout simple : un poing fermé brandi par Pierre-Karl Péladeau au moment de l'annonce de sa candidature dans Saint-Jérôme, lors des dernières élections.
Dans les deux cas, une seule et même expression de détermination à gagner, à vaincre, à battre l'adversaire. Rien de plus normal. On ne veut plus être des perdants magnifiques.
Et voilà que la presse, Radio-Canada en tête, se déchaîne et tente de créer l'événement avec ce qui ne l'est pas. On veut piéger Mario Beaulieu comme on a piégé Madame Marois avec le geste de PKP. On veut associer le nouveau président du BQ au FLQ comme on voulu associer le PQ à une possible révolution violente. Ou pire encore : à un référendum, cet exercice démocratique! On l'étiquette comme un radical, un pur et dur, un quasi terroriste, ce à quoi a répondu Beaulieu du tac au tac : S'il est un pur et dur, c'est qu'il y aurait donc des mous et des impurs.
En entrevue, donc, Mario Beaulieu n'a pas reculé, n'a pas offert d'excuses, n'est pas entré dans le piège que lui tendaient les journalistes de Radio-Canada. C'est de bon augure pour nous, qui sommes tant habitués à des marches arrière, à des valses hésitations, à des louvoiements, à des reniements et à des condamnations «entre nous» sans autre forme de procès, comme ce qu'on a fait à Yves Michaud, le 14 décembre 2000, alors que le bouchardisme imposait son rythme et ses amitiés louches.
Mario Beaulieu vient de sonner la fin de la récréation avec un discours sans ambiguïté. Fini les entourloupettes, les ronds de jambe et les petites tapes dans le dos pour rassurer l'adversaire, parce que soi-disant que les Québécois aiment tendre l'autre joue lorsqu'on les frappe et les humilie, parce que soi-disant que les Québécois, ils sont beaux ils sont gentils, et surtout ouverts et prêts à tous les compromis, au nom de la sacro-sainte «défense des intérêts du Québec». De courbettes en compromis, avec la promesse d'un petit rôle secondaire à jouer dans cette tragi-comédie fédérale, on finit par oublier l'essentiel : qu'Ottawa nous refusera toujours une existence propre hors du Canada, qu'Ottawa s'opposera toujours à notre désir d'indépendance, sauf s'il y est contraint par la volonté populaire s'exprimant par un gouvernement indépendantiste à Québec. L'arrivée de Mario Beaulieu à la tête du Bloc préfigure donc la lutte à venir pour la chefferie du Parti québécois.
Entre-temps, le rôle du Bloc n'est surtout pas de jouer le Monsieur Jourdain à Ottawa. Il devra, au contraire, lancer une offensive sur tous les fronts, pour obliger le fédéral à modérer ses transports comme on dit dans le langage populaire, lui rappeler qu'il a de nombreux crimes sur la conscience, à commencer par cette tentative de génocide en douce des Canadiens français au Québec et ailleurs au Canada, pour reprendre l'expression de l'écrivain Pierre Vadeboncoeur. Et qu'on ne tolérera plus les mensonges à propos de la péréquation, entre autres. Nous ne sommes pas un peuple de quêteux et nous donnons plus que nous recevons. Cela, Mario Beaulieu l'expliquera de long en large, avec des exemples clairs et précis, comme il expliquera qu'on ne peut être indépendant sans prendre nos responsabilités et sans rompre les liens de dépendance envers cette puissance étrangère qui ne nous a fait aucun cadeau et qui veut tout sauf notre bien. Nous n'avons aucune permission à demander, et surtout pas à tous ces thuriféraires de la bonne entente. Nous devons prendre ce qui nous appartient. Et un des premiers gestes que devrait poser un Québec indépendant sera de prendre possession de la voie maritime du Saint-Laurent, d'en assumer le contrôle et d'imposer nos conditions au transit des marchandises, y compris toutes ces matières dangereuses qui n'ont rien à voir avec notre modèle de développement.
Avec Mario Beaulieu, j'ai repris ma carte de membre du Bloc québécois, comme je l'avais fait, sous les conseils de Gaston Miron, lorsque Jacques Parizeau avait réinvesti le Parti québécois. Nos ennemis n'ont qu'à bien se tenir.
Bonne fête nationale!


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