À force de faire des détours, les indépendantistes n’arriveront jamais à destiNATION*. En soupant avec une amie vendredi soir, j’ai appris que le OUI Québec (Organisations unies pour l’indépendance) ne se positionnerait pas dans la prochaine campagne électorale fédérale. Il semble que certains membres de leur conseil d’administration ont comme priorité de débarquer Harper et selon eux cela passe par autre chose qu’un appui au Bloc québécois.
C’est donc sans surprise que j’ai pris connaissance du sondage publié dans le Journal où l’on indique un certain essoufflement de l’effet Duceppe. La joute est loin d’être terminée alors que la campagne électorale officielle n’est pas encore débutée, mais les prochaines semaines risquent d’être sombres pour le seul parti indépendantiste à Ottawa avec une telle tiédeur chez les souverainistes. La liste des raisons pour s’excuser de ne pas voter Bloc n’en finit plus de s’allonger tout en réaffirmant son indéfectible appui à l’indépendance du Québec.
Il semble que plusieurs indépendantistes québécois aient jeté leur dévolu sur le NPD afin de nous libérer de Stephen Harper. Cela demeure tout de même contradictoire, pour des gens aspirant à l’émancipation du Québec, de mettre leurs billes dans l’un des partis fédéralistes reconnu comme l’un des plus centralisateurs du pouvoir. De façon encore plus paradoxale, nos indépendantistes s’apprêteraient à voter pour un parti qui souffre d’un bien faible bilan dans ses prises de position favorisant l’économie du Québec et qui est plus occupé à séduire l’Ouest canadien. À défaut d’engouement, nos intellectuels indépendantistes se résignent peut-être à choisir le moindre entre deux maux.
J’avais déjà écrit que le Bloc devait changer ou disparaitre et les derniers mois me permettent de croire qu’il a effectivement évolué vers le renforcement de sa mission pour la promotion de l’indépendance. Ce parti trouve son sens dans la mesure où il a le caractère œcuménique de rassembler les indépendantistes de toutes tendances, de se comporter en opposition rigoureuse aux politiques qui désavantagent le Québec, de voir à nos intérêts et d’être un promoteur inlassable des bénéfices de l’indépendance pour la nation québécoise. Les fédéralistes n’ont pas besoin de cet empêcheur de tourner en rond à Ottawa, cependant les indépendantistes ont intérêt à se doter d’un outil qui fera avancer leur cause dans la capitale canadienne.
La prochaine élection fédérale mettra en lumière le nombre de détours que les indépendantistes québécois sont prêts à emprunter pour ne jamais parvenir à leur objectif ultime. Il y a fort à parier que l’indépendance se conjugue difficilement au conditionnel et que plusieurs souverainistes se dénicheront d’autres excuses dans un scrutin provincial pour se dire que le moment n’est pas encore venu. La CAQ en est d’ailleurs une excellente illustration. Le NPD avec une aile québécoise éclipsant QS complèterait à merveille le tableau de nos tiraillements existentiels.
J’ai en tête la chanson de Claude Gauthier, Le plus beau voyage, où il scande : « Je suis prévu pour l’an 2000, je suis notre libération », mais il ne nous avait pas dit à quel moment du centenaire nous aurions le bon chef, le bon parti, le bon projet de société, la bonne charte, la bonne identité, etc. J’espère que ce sera avant de disparaitre, car il ne nous restera plus qu’à fredonner comme Pauline Julien la chanson Mommy.
*Thème du rassemblement pour la convergence des forces indépendantistes tenu en septembre 2014
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