La perspective de voir des militaires américains à la frontière du Canada ne plaît pas aux autorités à Ottawa, qui y voient un scénario « dommageable pour les relations » entre les deux pays.
D’abord diffusé par Global News, le scénario de l’envoi de 1000 militaires américains à une trentaine de kilomètres de la frontière a ensuite été confirmé jeudi en conférence de presse par la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland.
Ce plan, sérieusement considéré par le président américain Donald Trump, serait arrivé aux oreilles du gouvernement canadien il y a un jour ou deux
, a déclaré Mme Freeland, qui a immédiatement fait part de ses réserves.
Cette idée d'envoyer les militaires, ce n'est pas nécessaire, la situation de santé publique ne nécessite pas cette action
, a-t-elle déclaré aux journalistes. Du côté canadien, nous pensons que ce ne serait pas approprié concernant l'alliance militaire qui existe entre nos deux pays.
Si Mme Freeland a reconnu que chaque pays était souverain à l’intérieur de ses frontières, elle a ajouté qu’une telle manœuvre par Washington serait dommageable
à la relation entre les pays.
Même son de cloche du côté du premier ministre Justin Trudeau lors de son point de presse quotidien pour faire le bilan de la propagation de la COVID-19 au pays.
Le Canada et les États-Unis ont la frontière non militarisée la plus longue au monde, et c'est dans l'intérêt des deux pays de la garder comme ça
, a commenté M. Trudeau. Nous sommes en discussion avec les États-Unis sur cet enjeu.
Bruce Heyman, ancien ambassadeur des États-Unis au Canada, partage l’incompréhension du gouvernement Trudeau.
C'est pire que tout ce que j'aurais pu imaginer de la part de Donald Trump
, lance celui qui a servi sous l’administration de Barack Obama. Si le président fait cela, c'est pour exploiter la peur des Américains et faire des gains politiques.
Assurer un soutien opérationnel aux agents fédéraux, clame Washington
Les États-Unis disent plutôt vouloir éviter que des voyageurs européens, iraniens ou chinois passent par le Canada pour ensuite traverser la frontière vers les États-Unis.
Du côté du département américain de la Sécurité intérieure, un administrateur a confirmé au réseau CBC que tous les scénarios étaient envisagés pour freiner la propagation du nouveau coronavirus.
Nous continuons de considérer des actions pour nous assurer que les agents fédéraux aux frontières ont les ressources et le soutien opérationnel nécessaires pour gérer la sérieuse menace de santé publique que représentent les passages irréguliers lors d’une pandémie
, a fait savoir cette personne.
L’idée d’un contrôle plus serré du côté américain peut d’ailleurs sembler surprenante puisque, l'an dernier, les autorités canadiennes ont appréhendé quatre fois plus de migrants irréguliers en provenance des États-Unis que l'inverse.
C’est également sans compter que le nombre de cas de COVID-19 aux États-Unis est beaucoup plus élevé qu’au Canada. Le Centre de contrôle des maladies (CDC), basé à Atlanta, signalait jeudi 68 440 cas, dont 994 décès, aux États-Unis.
La situation dans l'État de New York, qui partage une frontière avec deux provinces canadiennes, est particulièrement préoccupante, puisque le CDC y signale près de 33 000 cas.
Avec les informations de Louis Blouin, CBC et La Presse canadienne