Derrière la nouvelle barbe

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« Derrière cette nouvelle image d’un leader plus solide se cache exactement le même politicien, avec les mêmes travers. »


Justin Trudeau a revu son image pour son deuxième mandat. Sa barbe fait partie du nouveau style.  


Affaibli à l’élection d’octobre par une image du type léger trop souvent déguisé, il a rompu avec son ancienne façon d’être. La barbe fait partie du nouveau personnage : sérieux, posé, capable de prendre les décisions courageuses et d’imposer son autorité. 


Malheureusement, les événements sont en train de nous montrer qu’il ne s’agit que d’un mirage. Derrière cette nouvelle image d’un leader plus solide se cache exactement le même politicien, avec les mêmes travers. Son incapacité à assumer un leadership digne de ce nom face au blocus des services ferroviaires nous rappelle à quel point il n’est toujours pas à son meilleur en situation de crise. 


Ses appels à la réconciliation comme ses appels à la patience sonnent creux en l’absence d’un plan de match. Son discours d’hier résonnait davantage comme la prière d’un premier ministre dépassé par la situation. Aucune annonce, aucune piste de solution. D’ailleurs, comment son gouvernement ose-t-il encore parler du « règlement rapide » d’une situation qui a déjà duré deux semaines ? Une crisette qui n’aurait jamais dû se rendre à deux jours. 







Discours stérile... ou pire 


Son discours d’hier à la nation fut inutile. Justin Trudeau l’a prononcé pour avoir l’air de faire quelque chose. On pourrait même le qualifier de contre-productif. Quoi de mieux pour dramatiser davantage le dossier que de voir le chef du gouvernement interrompre les travaux réguliers de la Chambre pour faire une adresse solennelle ?   


Deux résultats sont probables. Les manifestants constatent l’impact incroyable de leur action malgré leur petit nombre : en plein ce qu’il faut pour les encourager. La presse internationale va s’intéresser encore davantage au dossier : exactement ce qui complique la tâche au gouvernement du Canada.   


Pour expliquer la colère des Autochtones, Justin Trudeau a rappelé hier que certaines communautés ne sont pas adéquatement approvisionnées en eau potable. C’est vrai, mais non pertinent dans cette crise. D’abord, les Mohawks de Tyendinaga, qui bloquent le chemin de fer, ont reçu 42 millions du gouvernement fédéral en juillet dernier pour régler leurs problèmes d’approvisionnement en eau. 


Deuxièmement, la plupart des communautés qui vivent un vrai problème avec l’eau ne sont pas du tout mêlées au blocus. Et finalement, après presque cinq ans au pouvoir, le premier ministre arrive au moment où, lorsqu’il geint à propos d’un problème dit hautement prioritaire, nous avons le goût de répondre : « Tu fais quoi ? Règle-le ! » 


Extrémisme encouragé 


L’attitude du gouvernement risque d’encourager le radicalisme parmi les Premières Nations. Faut-il rappeler que le projet de pipeline qui a causé les troubles est situé en Colombie-Britannique, une province gouvernée par une coalition du NPD et du Parti vert ? Le gouvernement le plus favorable à la cause autochtone qu’on puisse imaginer. 


Certains ont trouvé quand même le moyen de recourir à des moyens de pression extrêmes. Si ces radicaux ont gain de cause en bloquant le train, que vont comprendre les autres ?




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