Démocratie et oligarchie

Des repères pour s'y retrouver

Tribune libre

La DÉMOCRATIE est définie comme un régime politique dont l’autorité vient du peuple et qui répond avant tout à sa souveraineté et à ses intérêts. On l’identifie au gouvernement où le peuple exerce sa souveraineté. C’est l’autorité prédominante du peuple qui s’exerce sur ses Institutions politiques. Pour sa part, l’OLIGARCHIE est définie comme un régime politique dont l’autorité est entre les mains de peu de personnes et qui l’exercent d’abord et avant en fonction de leurs intérêts.
Ce rapprochement entre DÉMOCRATIE et OLIGARCHIE présente un certain intérêt au moment même où la grande majorité de nos gouvernements se définissent comme DÉMOCRATIQUES alors qu’un certain nombre de ceux-ci sont dénoncés pour n’être qu’un simulacre de démocratie qui ne sert qu’à couvrir de véritables gouvernements OLIGARCHIQUES. Le départage des uns et des autres peut être fait en fonction des intérêts prioritaires qu'ils desservent.
Dans les régimes politiques, dits DÉMOCRATIQUES, les intérêts du peuple qui en fonde l’autorité se retrouvent dans ce que nous appelons le BIEN COMMUN qui s’impose prioritairement aux autres intérêts de natures individuelles ou corporatives. Le « panier de provision » de ce BIEN COMMUN, peut évidemment varier d’un pays à l’autre, mais certains éléments plus fondamentaux s’imposent davantage à tous les peuples. C’est le cas de la santé, de l’éducation, du travail, de la participation politique, de l’alimentation et du logement, pour ne relever que les plus essentiels aux intérêts fondamentaux de tous les peuples. Ces objectifs devront faire appel au sens de la solidarité, à celui de la justice, au respect des droits fondamentaux des personnes tout autant qu’à leurs devoirs par rapport au BIEN COMMUN DE TOUS ET DE TOUTES.
Dans les régimes politiques, dits OLIGARCHIQUES, les intérêts des personnes qui en fondent l’autorité se retrouvent dans ce que nous pourrions appeler les INTÉRÊTS CORPORATIFS. Les gouvernements sur lesquels ils auront pleine autorité seront orientés en fonction de ces intérêts qui s’imposeront prioritairement à ceux du BIEN COMMUN.
L’observation nous permet de croire que l’avènement de la DÉMOCRATIE dans nos sociétés n’a pas vraiment eu raison des OLIGARCHIES. Ces dernières ont su s’impliquer d’une manière telle qu’elles ont finalement gardé leur autorité sur les institutions politiques. L’organisation des partis politiques, leur financement, le contrôle des médias leur permettent de s’asservir les principaux acteurs politiques et, par eux, d’avoir une main mise sur les principaux leviers de l’État. Si la question était posée de savoir si les « intérêts des élites économiques et financières du pays » sont prioritaires à ceux du peuple, quant aux choix des politiques économiques, financières, culturelles et sociales, il n’est pas évident que la réponse aille dans le sens des intérêts prioritaires du BIEN COMMUN.
Cette situation ressort avec beaucoup plus d’acuité et en des termes beaucoup plus clairs dans les pays de l’Amérique latine. L’exemple du Honduras illustre à merveille la DÉMOCRATIE qui fut un temps sous le contrôle de l’OLIGARCHIE. Ce contrôle, lui a soudainement échappé avec le Président Manuel Zelaya qui s’est converti, pour ainsi dire, aux intérêts du peuple. Cette OLIGARCHIE n’a pas perdu de temps pour le sortir du pouvoir par les armes et pour rebâtir une DÉMOCRATIE qui lui soit asservie. Ce fût la mascarade des élections du 29 novembre dernier. Dans ce dernier cas nous sommes en droit de nous demander quelle différence il y a entre OLIGARCHIE ET DÉMOCRATIE.
Cette analyse, fondée sur la définition de la DÉMOCRATIE et de L’OLIGARCHIE et sur celle des intérêts auxquels chacune répond, apporte un éclairage particulier sur le départage des pays qui sont régis par un véritable régime démocratique et ceux qui demeurent sous l’autorité de régimes oligarchiques. Je pose la question à ceux que le sujet intéresse : quels sont les pays en Amérique latine qui répondent prioritairement aux intérêts du Bien commun de leur peuple et quels sont ceux qui répondent plutôt aux intérêts prioritaires de leurs élites économiques et financières? Les réponses comporteront, sans doute, bien des surprises qui ne recouperont pas toujours l’opinion que nos médias véhiculent sur ces pays.
Oscar Fortin
Québec, le 5 décembre 2009
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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1 commentaire

  • Gilles Bousquet Répondre

    6 décembre 2009

    Pour conserver la démocratie, ça prend des élus qui ne sont pas voués à l'argent des riches, ce qui est le cas actuellement vu que les limites de dépenses d'un candidat, pour tenter de se faire élire au provincial, est d'environ de 50 000 et 90 000 $ au fédéral plus les dépenses des partis aux élections et entre aussi.
    Ces limites sont bien trop élevées, ce qui limite les candidatures aux irresponsables qui risquent leurs avoirs et aux riches qui ont les moyens de perdre ces montants là, s'ils veulent être compétitifs à armes égales. Tous tentent d'aller chercher des contributions monétaires. Il y en a des désintéressées mais la grande majorité attache le candidat à divers intérêts plus ou moins avouables.
    Quoi faire pour améliorer la situation actuelle ? Seulement une chose, réduire la limite des dépenses électorales, les couper en deux, au moins, afin de ne pas trop décourager les candidats honnêtes mais pas très riches, si on ne veut pas être trop dépendant des grosses fortunes, fournisseurs aux diverses caisses dont les plus grands bénéficiaires au provincial sont les Libéraux provinciaux et au fédéral, les Conservateurs, dans l'Ouest et les Libéraux fédéraux, au Québec.