Le chef du Bloc québécois ne mâche pas ses mots contre Justin Trudeau et sa vice-première ministre, Chrystia Freeland, après la décision du gouvernement de permettre à certains demandeurs d'asile d'entrer au Canada.
Le député de Beloeil-Chambly leur reproche notamment d'avoir nié des changements dans la politique fédérale visant les demandeurs d'asile. Ils auraient dû dire la vérité
, assure-t-il dans une entrevue accordée à Radio-Canada.
Mercredi, Justin Trudeau et Chrystia Freeland ont affirmé, au cours de deux conférences de presse, qu'il n'y avait pas de modifications à la politique du gouvernement concernant la fermeture de la frontière canado-américaine.
Or, dans un décret entré en vigueur le 22 avril, il est stipulé qu'il est possible d'entrer au Canada en provenance des États-Unis afin de faire une demande d’asile
dans un poste frontalier, comme à Saint-Bernard-de-Lacolle.
Cela ne s'applique néanmoins pas à tout le monde et cette possibilité n'est pas nouvelle. Malgré la fermeture de la frontière canado-américaine à la fin mars, des demandes d'asile pouvaient toujours se faire aux postes frontaliers pour, par exemple, les mineurs non accompagnés et les apatrides.
Désormais, cette possibilité a été élargie aux personnes ayant déjà de la famille au Canada ou encore celles qui n'ont pas besoin de visa pour entrer au pays.
Le fait qu’ils n’ont pas dit la vérité a envoyé une vague d’inquiétude chez tous ceux parmi la population qui sont déjà incertains par rapport aux politiques d’immigration.
Est-ce qu’on peut savoir s’ils s’attendent à ce que ce soit 500 ou 23 demandeurs par mois? C’est une énorme différence pour la façon dont la population va réagir à cette annonce
, soutient-il.
Aux yeux d'Yves-François Blanchet, le gouvernement Trudeau fait preuve d'incohérence
et semble obstiné
. On ne sait jamais sur la base de quel fondement idéologique le gouvernement travaille
, dit-il.
Ces mesures, qui existaient avant la crise sanitaire, auraient facilement pu être reportées pendant plusieurs mois encore
. Il n’y avait assurément pas d’urgence de changer cette règle
, reprend-il, tout en se montrant ouvert à certaines dispositions.
Je comprends qu’une petite fille de 13 ans qui arrive toute seule au poste douanier, on va l'accueillir. Mais je ne comprends que quelqu'un, qui aurait pu avant ou qui pourra après essayer de regrouper sa famille, puisse pendant une crise sanitaire majeure bénéficier d’un avantage particulier
, lance l'ancien ministre provincial.
Extraordinaire
de louer un hôtel, juge Blanchet
Alors que la vice-première ministre Chrystia Freeland a spécifié mercredi que son gouvernement prend au sérieux ses engagements internationaux concernant le traitement des réfugiés
, le chef du Bloc québécois juge également extraordinaire
la décision d'Ottawa de louer un hôtel, à Lacolle, pour accueillir ces demandeurs d'asile, afin qu'ils puissent respecter les règles sanitaires et s'isoler durant 14 jours.
Le gouvernement accepte de faire pour les réfugiés et des raisons idéologiques ce qu’il a refusé de faire pour les travailleurs agricoles étrangers. C’était notre demande, ils ont refusé
, ajoute-t-il.
Ils ont envoyé les travailleurs faire leur quarantaine dans des exploitations agricoles qui ne sont absolument pas équipées pour le faire. Mais lorsqu’il s’agit des réfugiés, là, on va louer des hôtels.
Lorsqu'on lui indique que les coûts pourraient être différents, Yves-François Blanchet rappelle qu'une aide de 50 millions va être versée aux agriculteurs (Nouvelle fenêtre) à cet effet. On parle, selon lui, d'un montant de quelques dizaines de millions tout au plus
pour réquisitionner des hôtels près des aéroports canadiens.
De son côté, le cabinet du ministre de la Sécurité publique Bill Blair avait signalé à Radio-Canada, mercredi soir, que le Canada est un pays accueillant pour ceux qui fuient la guerre et la persécution
.
L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), quant à elle, soutient que la frontière demeure fermée à la plupart des demandeurs d’asile.
De limiter les déplacements transfrontaliers est un élément essentiel de l’effort national déployé pour limiter la propagation de la COVID-19 au Canada. À cette fin, il est important de réitérer que ce n’est pas le temps de traverser la frontière pour demander l’asile
, fait valoir Judith Gadbois-St-Cyr, porte-parole de l'ASFC.