Dear Canadian friends

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Le fossé Québec-Canada se creuse

Chers amis du Canada anglais. La loi 62 qui impose que les services publics soient donnés et reçus à visage découvert illustre le gouffre d’incompréhension qui existe entre nous sur les droits collectifs c. les droits individuels, les questions identitaires et la place de la religion dans la vie publique.


Avant toute chose, chers amis, afin de comprendre nos réactions dans ce dossier, puis-je vous rappeler notre relation historique difficile avec la religion et avec l’Église, nos bourreaux pendant 350 ans ? Cela explique une certaine crispation.


Tout est beau


Par exemple, Justin Trudeau ne voit rien de mal à permettre à un groupe de musulmans de prier à l’intérieur du Parlement, mais le Québec ne pourrait jamais imaginer une telle chose, au nom du principe de séparation de l’Église et de l’État (il ne manquerait plus que le retrait du crucifix de l’Assemblée nationale pour que les bottines suivent les babines, comme on dit par chez nous).


Le premier ministre s’accommode très bien de visiter une mosquée où les femmes, dont la première ministre de l’Ontario, sont reléguées au balcon. Il a même salué les « femmes là-haut ». Et si, au lieu des femmes, on avait obligé des noirs ou des autochtones à monter au balcon, monsieur Trudeau aurait-il eu une attitude aussi désinvolte ?


Tout cela, chers amis du Canada, nous est parfaitement incompréhensible. Le principe d’égalité entre les hommes et les femmes ne peut être subordonné à la sacro-sainte diversité. Les tribunaux ont refusé en 2011 de décriminaliser la polygamie au Canada, à la demande d’une secte mormone, même si la liberté de religion est garantie par la charte.


Racistes, nous ?


Et voilà que les accusations de racisme pleuvent sur le Québec en raison de la loi 62 sur la neutralité de l’État. En ce qui me concerne, c’est une loi bancale qui ne règle rien. Ce n’est pas en la mettant sur le dos des 50 à 100 femmes qui portent le voile intégral au Québec qu’on va concrétiser la neutralité de l’État.


En affirmant, comme vous le faites depuis une semaine, qu’interdire le voile intégral dans certaines situations est un geste raciste, vous démontrez une absence de réflexion sur le sujet, au-delà du droit des femmes de s’habiller comme elles le veulent. C’est mince.


Primo, l’islam est une religion, pas une race.


Deuxio, des pays européens parfaitement démocratiques ont interdit le voile intégral au nom de la sécurité ou du vivre-ensemble. En juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a validé la loi belge, l’estimant « nécessaire » dans une « société démocratique ».


Tertio, puis-je vous rappeler que les femmes qui portent le niqab appartiennent aux franges plus extrêmes de l’islam : le salafisme ou le wahhabisme. Ce ne sont pas nos amies. Leur voile est une insulte au visage des Canadiennes et Canadiens, une manière de dire « nous ne nous intégrerons jamais ».


C’est le niqab qui est un vêtement raciste. C’est aussi un vêtement meurtrier.


Des femmes meurent parce qu’elles refusent de porter le niqab. C’est pourquoi je suis fière d’appartenir à une société qui refuse de le banaliser au nom de la soi-disant diversité.